Alors qu'ils semblaient s'être durablement stabilisés depuis quelque temps autour des 60 dollars, les prix du pétrole sont tombés, lundi dernier, à leurs plus bas depuis avril dernier. Le cours du «light sweet crude» (WTI), pour livraison en août, a lâché 4,43 dollars à 52,53 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), retrouvant ses niveaux de la mi-avril. Le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en août, a enregistré, quant à lui, une chute un peu moins spectaculaire, perdant 3,78 dollars à 56,54 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). Il convient de rappeler que depuis son plus bas niveau du 26 janvier dernier, à 45 dollars le baril, le cours du pétrole est remonté jusqu'à 66 dollars début mai, faisant craindre, à certains, un retour au pétrole cher. Mais depuis, le prix a oscillé dans une étroite fourchette comprise entre 60 et 65 dollars pour le Brent. Selon certains observateurs, le marché pourrait très bien connaître, durant les prochaines semaines, «une phase de faiblesse prononcée des cours en direction des 50 dollars», du fait de la surabondance de pétrole constatée sur le marché. «Malgré de très nombreuses initiatives de la part des grands pétroliers et des pays producteurs depuis le début de l'année, les fondamentaux de production restent très élevés et le niveau actuel de production des pays de l'OPEP est actuellement au plus haut depuis 3 ans», soulignent des experts du marché pétrolier. Il faut également noter que depuis quelques semaines déjà, les Etats-Unis semblent s'orienter vers «une remontée progressive des forages de gaz de schiste», après des mois de réduction graduelle, comme le confirment d'ailleurs les statistiques du cabinet Baker Hugues. Mais c'est beaucoup plus dans les derniers développements venus du Golfe persique qu'il faut chercher les raisons de ce changement survenu sur les cours du pétrole. En effet, même si l'adoption d'un accord définitif avec l'Iran sur le nucléaire semble plus complexe et plus longue que prévu, l'on commence déjà à préparer la levée des sanctions économiques sur ce pays, deuxième pays producteur de l'OPEP. Cette décision provoquerait un afflux massif de pétrole iranien sur le marché dans les années à venir et des tensions et pressions à la baisse. «Avec la crise en Grèce, l'instabilité des marchés en Chine, la demande qu'on voyait encore récemment pour le pétrole s'érode rapidement», a souligné Carl Larry, chez Frost & Sullivan. La plus grande incertitude régnait lundi sur l'impact de la victoire du «non» en Grèce et la possibilité d'une contagion ailleurs en Europe, tandis qu'en Chine la Bourse de Shanghai a chuté de 30% en trois semaines, avant un petit sursaut lundi (+2,41%). Enfin, dernier facteur, le dollar était en hausse lundi, ce qui pénalise les acheteurs de brut munis d'autres devises, car les échanges sont libellés en billet vert. Or, a souligné M. Larry, autant la bonne santé de l'économie américaine avait contribué à soutenir les cours ces dernières semaines, autant désormais cet atout, qui se répercute sur le dollar, pèse sur les prix du brut.