L'attentat, survenu à Sadr City, - grand quartier chiite à forte densité dans le nord de la capitale Baghdad - a eu lieu vers 6h locales dans un marché de fruits et légumes à un moment de grande affluence. L'explosion a dévasté l'endroit, tuant également des chevaux qui tiraient des carrioles chargées de marchandises qui étaient éparpillés un peu partout, selon un photographe présent sur les lieux. «Un camion frigorifique chargé d'explosifs a explosé sur le marché de Djamila», a déclaré un officier de police, ajoutant que «de nombreuses personnes ont été tuées et des restes de corps ont été projetés sur les toits de bâtiments environnants». Offensive Il s'agit de l'un des attentats les plus sanglants ayant frappé ces derniers mois la capitale irakienne. L'EI avait revendiqué, en juillet, un attentat-suicide dans un marché qui avait fait au moins 120 morts et une centaine de blessés à Khan Bani Saad, ville majoritairement chiite située à 20 km au nord de Baghdad. Lundi dernier, au moins 33 personnes ont été tuées à Diyala, dans le nord-est du pays, dans des attaques revendiquées également par l'EI. Depuis le mois de mai, neuf attentats faisant plus de 300 victimes ont endeuillé le pays. Le groupe djihadiste a salué une «opération bénie qui a permis aux soldats de l'Etat islamique de faire exploser un camion piégé» à Sadr City. L'EI a lancé, en juin 2014, une offensive fulgurante au nord de Baghdad, s'emparant de larges étendues du territoire irakien, tout comme dans la Syrie voisine, où il a tiré profit de la guerre civile. Fort de dizaines de milliers d'hommes, ce groupe accusé de crimes contre l'humanité a recours à de multiples exactions - rapts, viols, décapitations, nettoyage ethnique - dans les régions sous son contrôle. Les forces irakiennes, qui ont été mises en déroute lors de l'offensive de 2014, cherchent à reprendre du terrain avec le soutien de la coalition internationale, dirigée par les Etats-Unis, qui mène depuis septembre dernier des frappes contre les positions des djihadistes. Les attentats comme celui de Sadr City attisent les tensions en Irak, provoquant la colère de la communauté chiite, majoritaire, qui est souvent la cible des attaques de l'EI. Partition Cette nouvelle attaque survient après que le chef d'état-major de l'armée américaine sortant eut estimé qu'une partition du pays «pourrait être la seule solution» pour mettre fin à la difficile cohabitation entre les communautés sunnite et chiite. Le général Raymond Odierno, qui fut le plus haut gradé de l'armée américaine en Irak et qui prendra sa retraite cette semaine, s'est montré pessimiste, mercredi, au sujet du conflit latent entre les communautés chiite et sunnite, qui a culminé dans les années 2006-2007, faisant des dizaines de milliers de victimes. «Cela devient de plus en plus difficile chaque jour», a dit, lors d'une conférence de presse, Raymond Odierno. Interrogé sur la réconciliation entre ces deux communautés, il prédit un avenir dans lequel «l'Irak ne ressemblera plus à ce qu'il était par le passé». Concernant une éventuelle partition du pays, il a estimé que «c'est à la région, aux personnalités politiques et aux diplomates de trouver comment cela peut se passer, mais c'est quelque chose qui pourrait arriver». «Cela pourrait être la seule solution, mais je ne suis pas encore prêt à l'affirmer», a-t-il encore déclaré. L'Irak comprend trois principales communautés: les Arabes chiites, les Arabes sunnites et les Kurdes. Ces derniers ont déjà leur région autonome dans le nord du pays. La lutte contre l'EI «se trouve dans une sorte d'impasse», mais les Etats-Unis continuent «de progresser», a ajouté le général Odierno. Cependant, les experts internationaux doutent de l'efficacité des frappes aériennes sur les positions de Daech. Ces derniers mois ce groupe a repris l'initiative en attaquant là où ses éléments ne sont pas attendus et évacuant les zones où ils se sentent menacés sans subir de pertes conséquentes. Hier, le ministre de la Défense irakien, Khalid Obaidi, a annoncé avoir lancé la deuxième phase de la campagne militaire de reconquête de la ville de Ramadi. Prise au mois de mai 2015, Ramadi est considérée comme une des victoires militaires les plus importantes du groupe terroriste.