A chaque fois que le ciel se gâte, une vague de peur parcourt la cité. Quelques averses et bonjour les dégâts. Cette situation est constatée à chaque rentrée automnale qui s'échine à tourner le dos à la Muse. Les dernières précipitations qui ont arrosé Alger, bien qu'elles se révèlent salvatrices, nous invitent encore une fois et une fois à repenser la gestion physique d'une mégalopole. Les établissements chargés de désobstruer les réseaux d'assainissement (avaloires, caniveaux, etc.) ne daignent se mettre en branle qu'après coup pour débarrasser la voirie de la gadoue générée par quelques ondées. Les chantiers ouverts par ci par là à travers les artères de la capitale sont abandonnés après achèvement des travaux, vomissant leurs tripes un peu partout, non sans causer des désagréments aux usagers de la route et aux piétons. A croire que les intervenants ou ces sous-traitants dans la voirie, engagés par le maître de l'ouvrage (wilaya, département des travaux publics,…) ne sont pas tenus d'assurer la remise des lieux en l'état. A croire aussi que le maître d'ouvrage ferme l'œil sur cette disposition, celle d'obliger le permissionnaire de remettre la voirie – après exécution des travaux – dans son état initial. Les travaux viciés et les opérations de paresse d'entreprises qui traînent en longueur, en largeur et en volume sur des tronçons de chaussées et de trottoir sont légion. C'est devenu quasiment le propre de ces prestataires qui se repaissent, à la faveur d'une administration locale flasque, ne s'encombrant point du respect de la loi relative à la remise des lieux en l'état. Une virée le long de la rue Larbi Ben M'hidi nous donne cet aperçu de pans de trottoir sens dessus dessous, contraignant la foule à slalomer en enjambant le bourbier produit par le chantier achevé – mais non fermé. Et que dire de ces intervenants qui, après avoir revêtu des trottoirs de pavés autobloquants, les abandonnent sans juger utile de procéder à leur dessablement. A l'image de la rampe Louni Arezki, dont des tonnes de remblai de sable ont fini par être charriées par les flots de pluies, engorgeant avaloirs et caniveaux. Plus loin, l'opération décapage de la chaussée de la rue Mohamed Tazaïrt (ex-Mizon) fait du surplace depuis plus de trois mois, générant des écrans de poussière à longueur de journée et rendant irrespitable l'atmosphère alentour. Aussi, au risque de nous répéter, le quidam qui arpente les rues d'Alger peut-il les parcourir sans être surpris par des nids… d'autruche, des excavations, des trottoirs défoncés faits de matériaux hétérogènes (ciment, carreaux flottants, bitume,…). La liste des tares relevées en matière de travaux de voirie est loin d'être exhaustive au point de rendre impraticables les artères d'une capitale qui donne de moins en moins envie de la sillonner. Voire la fréquenter.