De l'avis des organisateurs, cette affluence record du public a permis de démontrer, à travers un comptage fiable, que les séances qui ont le plus attirées les cinéphiles sont celles de 19h et 20h. Ces séances ont drainé un public divers, curieux et intéressé à la fois. Lors d'une conférence de presse, organisée mardi matin à la salle El Mouggar (Alger), par la commissaire de la manifestation Zahira Yahi et l'un des membres de son commissariat, Ahmed Bedjaoui, le bilan du festival a été à l'honneur. La commissaire du festival a rappelé devant la presse nationale que ce ne sont pas moins de vingt films qui ont été projetés. Dix films documentaires et neuf longs métrages de fiction étaient à l'affiche avec notamment la participation de deux films algériens, réalisés par deux cinéastes de générations différentes. Il s'agit de Okacha Touita qui a présenté Opération Maillot et de Hassan Ferhani pour son documentaire Fi rassi rond-point. En plus des projections programmées trois fois par jour, trois hommages ont été rendus aux défunts Maâmar Mokrane, Malik Aït Aoudia ainsi que le cinéaste bulgare Christo Ganev. Ce dernier a filmé le maquis aux côtés de l'ALN ainsi que des scènes de joie lors de l'indépendance algérienne. En outre, il a été programmé, le jour de la clôture du festival, la projection du film documentaire Demain qui était hors compétition. Mme Yahi estime que le commissariat a réussi une programmation diversifiée, de qualité avec en prime une forte dimension humaine. Ce festival — qui s'est déroulé, rappelons-le, à la salle El Mouggar et à la Cinémathèque d'Alger — a redonné vie, mouvement et fréquentation. De son côté, l'universitaire et cinéaste Ahmed Béjaoui a souligné que le festival a voulu mettre l'accent sur le film documentaire car ce dernier est la principale école qui mène vers le long métrage. L'orateur est convaincu que la fréquentation importante du festival prouve que le cinéma a besoin d'animation, et que cette même animation commence par l'école. «Il faut que l'enseignement du cinéma revienne à l'école pour former les cinéphiles de demain», a-t-il affirmé. Lors de ce festival, deux tables rondes ont été organisées. La première intitulée «Pourquoi il est urgent d'enseigner le cinéma» a été animée par Ahmed Béjaoui et par le Français Guy Chapouillé, directeur de l'Ecole supérieure de l'audiovisuel (Esav) au sein de l'université de Toulouse, devenue une des écoles de cinéma les plus prestigieuses d'Europe. La deuxième table ronde, dirigée par la journaliste et experte du cinéma Fadila Mehal, a porté sur la thématique de «La jeunesse, au cœur du cinéma engagé». Quant aux matinées des 15-16-17 décembre, elles ont été consacrées à des rencontres autour du documentaire avec la participation, entre autres, de Larbi Benchiha, Jihan El Tahri, Yannis Youlountas, Lam Le, Nada Tarraf et Paula Palacios. Le Festival international du film engagé est un festival qui accorde à chacune de ses éditions une large place au cinéma palestinien et du Sahara occidental. A la question de savoir pourquoi une partie de la programmation n'est pas présentée dans certaines wilayas du pays, la commissaire du festival indique que déplacer techniquement le festival reste une tâche difficile compte tenu du manque de salles de cinéma, ajouté à cela l'indisponibilité du DCP numérique dans certaines salles existantes (Digital Cinema Package). L'autre questionnement auquel la commissaire a répondu est relatif au maintien ou au changement de la date du festival, sachant qu'à la même période plusieurs festivals sont organisés. Zahia Yahi a annoncé : «Nous allons peut-être soumettre l'idée au ministère de la Culture d'organiser le festival à la mi-novembre.» Si cette année le festival a bénéficié d'un seul sponsor, pour les éditions prochaines, cet apport sera plus que nécessaire, car, comme l'a si bien dit la commissaire, «l'austérité est à nos portes, les subventions vont diminuer. Nous allons nous tourner vers les sponsors». L'édition 2016 verra, certainement, l'institution du prix de la presse. Pour ce faire, le commissariat, compte prendre en considération les suggestions et les propositions des journalistes algériens.