Le premier magistrat de la wilaya fraîchement installé tient son bâton de pèlerin en sillonnant les communes de son territoire. Apparemment, il a décidé de prendre le taureau par les cornes en exhortant les édiles communaux à rendre moins lugubre la géographie qu'ils gèrent. Il n'est pas trop tôt pour les secouer aux fins de revaloriser une médina qui se ruralise au fil des ans. A dire que la besogne n'est pas de tout repos pour les premiers officiers de l'ensemble des 57 communes que compte la wilaya et les différents EPIC dont le dysfonctionnement n'est pas moins criant, et ce, au regard du laisser-aller manifeste en matière de salubrité publique qui caractérise des cités repoussantes. Il est d'une évidence niaise de dire que les espaces urbain et suburbain de la capitale, Alger Ibn Mezghena, sont devenus le bonnet d'âne, notamment sur le plan équipements publics, environnement et services publics, selon le classement établi ces dernières années par la revue spécialisée british, The economist. L'on s'égosille à parler des grands projets restructurants de la capitale pour lui donner un look digne des grandes mégalopoles de par le monde. L'on nous rassure que désormais Alger la Blanche que le béton a phagocytée ne sera plus crade. L'on nous tranquillise que son cordon littoral ne tournera plus le dos à la mer. L'on nous rabâche que la cité de Menad Bologhine Ibn Ziri sera débarrassée de ses bidonvilles ; qu'elle sera un pôle d'attraction, avec ses parcs, ses bibliothèques, ses aires de jeu et loisirs, ses parkings et esplanades de balade, ses édifices aux façades avenantes, ses chaussées non lézardées, ses trottoirs moins lépreux, ses transports publics performants et sécurisants ; que son patrimoine sera mis en évidence par, notamment, l'auguste établissement Arts et culture qui se vautre dans son hibernation et sa médiocrité ; que sa Casbah sera moins inhospitalière et son attrait ne se limitera pas au seul parcours pour touristes… En clair, un paysage urbain qui ne donnera plus le haut-le-cœur, comme présentement. Qu'à cela ne tienne. C'est tout le mal qu'on souhaite à cette cité où la société civile a désappris les bons usages de l'écogeste, se mettant en porte-à-faux avec l'esprit censé régir les biens de la collectivité. Encore faut-il que la collectivité se défausse de cette idée de ‘‘petit bled'' dans sa tête, celle d'enlaidir l'espace commun ou public : une terrasse ou un hall d'immeuble indûment investi, un trottoir conquis, une chaussée squattée par les petits nababs, une institution étatique enserrée par des blocs de béton ou des pieux rattachés à une chaîne en guise de ceinture de sécurité… Et passe des monticules de gravats et ordures qui balisent le cadre bâti dans lequel nous avons appris à évoluer sans gêne aucune. Décidément, quelque chose ne tourne pas rond dans la ville qui se clochardise et peine à se soustraire de sa hideur. La désertion des administrés censés être regroupés en mouvement associatif affronte l'impéritie des édiles qui n'arrivent pas à opérer le déclic pour un travail en osmose. Les deux parties se jettent la balle, au moment où les Epic qui, refusant d'accorder leurs violons, opèrent avec des à-coups, pour ne pas dire remballent leur besogne dans la hâte, voire l'exécutent au pif.