Les enseignants contractuels ont entamé hier une grève illimitée pour réclamer la prise en compte de leur expérience professionnelle lors du recrutement par voie de concours. Les contractuels ont décidé également de boycotter le concours et de maintenir la pression jusqu'à leur intégration dans des postes permanents. Le rassemblement tenté hier devant le Palais du gouvernement et la Maison de la presse a été empêché par la police. Les groupes d'enseignants ont été forcés de quitter les lieux et conduits dans des bus à la gare routière interwilayas du Caroubier, pour les contraindre à rentrer chez eux. Les quelques enseignants ayant échappé à cette opération se sont déployés et ont rejoint les sièges des syndicats autonomes et des organisations politiques (Cla, Snapap, MDS et Raj, entre autres). Une dizaine d'enseignants ont entamé une grève de la faim. Les représentants des protestataires dénoncent «la violence utilisée par les agents de l'ordre pour empêcher le rassemblement préparé pacifiquement pour réclamer des droits légitimes», lit-on dans un communiqué du Conseil des lycées d'Algérie. «Cela se passe quelques heures seulement après l'accord contre la violence signé par le ministère de l'Education nationale et les forces de l'ordre», rappellent les enseignants contractuels. Ces derniers exigent le respect des engagements pris par les responsables du secteur à la remise de l'affectation en poste. Les contractuels dénoncent ce qu'ils considèrent aujourd'hui comme «un retournement de veste» à leur égard. «Nous refusons d'être des bouche-trous», lance Youcef Hamici, représentant du comité des contractuels, dénonçant l'attitude de la ministre de l'Education qui refléterait, selon lui, «le manque de considération pour le dossier des contractuels». Le collectif estime que les postes budgétaires disponibles dans le secteur de l'éducation sont suffisants pour régulariser tous les contractuels auquel le ministère fait appel pour faire fonctionner l'école. Le dossier des contractuels reste parmi les plus épineux du secteur. Malgré les régularisations faites ces dernières années suite à de larges mouvements de protestation, près de 20 000 enseignants (statistiques syndicales) vivent à ce jour dans la précarité avec des salaires ne dépassant pas 21 000 DA/mois. Des enseignants indiquent que «c'est l'intégration dans des postes permanents miroitée par les responsables qui nous a fait tenir toutes ces années. Nos dépenses pour rejoindre ces postes boudés par nos collègues permanents à chaque rentrée scolaire dépassent les salaires perçus, généralement, en retard», explique un enseignant ayant multiplié les vacations entre Béjaïa et Alger. Il est professeur de philosophie dans un lycée de la capitale, son salaire de 21 600 DA «n'est pas versé régulièrement». «Je vous assure que ce qui fait le plus mal est quand on vous signifie que votre poste est confié à un nouveau professeur qui, il y a quatre ans, était votre élève en terminale», s'indigne-t-il. Pour rappel, le ministère de l'Education a supprimé le critère de l'expérience du barème d'évaluation des candidats au concours de recrutement qui subiront des épreuves écrites. Les reçus seront ensuite soumis à un entretien, convient-il de préciser.