Ce retour en force, qui intervient à quelques jours du mois de Ramadhan, risque de perdurer. L 'anarchie est de retour dans bien des artères et des marchés du centre d'Alger, en raison d'un relâchement manifeste de la part des autorités publiques. Les vendeurs occupent, ces derniers jours, tous les espaces «libérés» de leur emprise, il y a quelques mois, suite à des opérations d'éradication des marchés informels. Ce retour en force intervient à quelques jours du mois de Ramadhan et risque de perdurer. A la rue Larbi Ben M'hidi, le nombre de vendeurs à la sauvette s'est multiplié. Les piétons éprouvent, dans certains endroits, des difficultés pour circuler. Le négoce se fait sur le trottoir et des étals y sont déployés impunément. A la place des Martyrs, les grands renforts de police mobilisés il y a quelque temps, pour dissuader les jeunes commerçants anarchiques, se sont réduits comme peau de chagrin. En conséquence, l'espace public a été réapproprié par l'informel et le nombre de commerçants a explosé, bloquant quasiment toute une voie automobile. Lors de la fermeture du marché de Zoudj Ayoune, les autorités de wilaya ont effectué un véritable nettoyage en interdisant toute activité commerciale sur la chaussée. Pour ce faire, des policiers ont été postés partout et les commerçants les plus récalcitrants n'ont pas tardé à quitter les lieux. Hélas, si les services de sécurité sont restés fermes concernant la rue Bouzrina, strictement interdite à l'activité commerciale anarchique, du côté bas de cette place mythique, les autorités continuent à fermer les yeux. Autre point noir, la route longeant le marché Meissonnier, où l'on relève également une plus grande présence de l'informel. Bien que les vendeurs et les policiers se livrent à un véritable jeu du chat et de la souris, ces dernières semaines, la présence des policiers se fait plutôt rare. Pas loin d'ici, au marché Clauzel, la présence des vendeurs illégaux est devenue permanente. Cette situation n'est certainement pas pour plaire aux commerçants légaux, qui assistent impuissants à un retour en force d'une concurrence déloyale et «autorisée». «Des saisies sporadiques sont effectuées par les services de l'ordre, mais contrairement aux premiers jours de l'opération d'éradication de l'informel, les policiers ne sont plus aussi intransigeants…», témoigne un commerçant au marché Meissonnier. Ce redéploiement de l'informel, faut-il le souligner, intervient à quelques jours du mois de Ramadhan et devrait, dans l'état actuel des choses, gagner d'autres espaces. En fait, durant le mois sacré, l'activité commerciale augmente, l'anarchie aussi. Un avant-goût révélateur de ce que sera Alger dans les prochains jours. Durant le Ramadhan, l'informel explose, notamment la nuit, puisque le centre de la capitale, contrairement aux autres mois de l'année, devient actif en raison de la forte présence des familles.