Le gouvernement campe sur sa position concernant l'âge de départ à la retraite. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a annoncé, jeudi, que la loi fixant l'âge de départ à la retraite à 60 ans entrera en vigueur l'année prochaine. S'exprimant en marge de la cérémonie de clôture de la session de printemps du Parlement, M. Sellal a précisé que le projet de loi sur la retraite sera «examiné prochainement» en Conseil des ministres. Selon le Premier ministre, la décision prise par le gouvernement d'amender l'ordonnance n°97-13 du 13 mai 1997 est «l'aboutissement des consultations menées par le gouvernement avec les partenaires sociaux et le patronat lors de la tripartite», indiquant qu'«il s'agit d'un retour à ce qui était en vigueur dans les années 1990». Démentant l'information sur le gel des départs à la retraite anticipée, le Premier ministre a précisé que «ceux qui souhaitent partir avant la fin de l'année sont libres de le faire» et a confirmé sa déclaration tenue lors d'une visite à Tiaret sur les métiers pénibles. «La retraite anticipée est maintenue pour les femmes et les métiers pénibles», indique-t-il sans donner plus de précision sur les métiers concernés par la disposition. Acculée par ses différentes fédérations, la direction générale de l'UGTA continue de soutenir la décision prise lors de la tripartite. Sa Fédération nationale des travailleurs retraités (FNTR) a appelé à la prise en compte de la pénibilité dans la carrière professionnelle lors de la révision de l'ordonnance de 1997. Les syndicats autonomes continuent à s'opposer à la décision prise par le gouvernement, lors de la tripartite tenue le 5 juin dernier, d'amender l'ordonnance n°97-13 du 13 mai 1997. La fédération Snapap, sous l'égide de la C-GATA, a dénoncé «énergiquement» par la voix de son chargé de la communication, Nabil Ferguenis, le «mépris affiché envers la classe ouvrière à travers des pseudo allégations irréfléchies et échappatoires de la part du chef de gouvernement». «La logique voudrait que ce genre de décision s'applique d'une manière participative, en associant tous les acteurs capables d'arriver à un consensus raisonnable et équitable, à moins que vous avez l'intention de jeter les travailleurs dans la folie», signale Ferguenis dans sa déclaration à El Watan. Le Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP), engagé dans l'action des syndicats autonomes regroupés au lendemain de la dernière tripartite, réitère l'attachement de ses adhérents à «la préservation du droit acquis de la retraite proportionnelle avant l'âge de 60 ans et rejette en bloc les décisions de la tripartite qui ne le représente nullement». Le président du SNPSP, Lyes Merabet, contacté par El Watan, a relevé «la position négative du gouvernement devant nos sollicitations au dialogue». Actions de protestation à la rentrée «Le SNPSP considère cette démarche du gouvernement comme une tentative de diversion afin de nous éloigner de l'essentiel ; l'espace de dialogue duquel on est exclu depuis le temps. Et de la négociation sur le projet ‘finalisé' portant nouveau code du travail. C'est l'essentiel pour nous. Le véritable défi est là, le reste est plus un ballon-sonde pour jauger de la capacité des syndicats autonomes regroupé de réagir en front uni face aux décisions plus graves et plus importantes pour le travailleur et les différents secteurs d'activité», soutient Merabet, qui précise que le mot d'ordre est déjà transmis aux structures syndicales SNPSP de sensibiliser et de mobiliser les praticiens de la santé pour s'inscrire dans toutes les actions de protestation que décideraient les syndicats autonomes. Dans un communiqué rendu public à l'issue de la réunion de son bureau national, l'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef) a réitéré son rejet des décisions de la tripartite et a dénoncé la décision du gouvernement de réviser le code du travail sans impliquer les syndicats autonomes. Pas moins de 15 syndicats représentant plusieurs secteurs — éducation, santé, administration publique, énergie, formation professionnelle — se sont réunis au lendemain de l'annonce de la décision du gouvernement. Ils ont prévu des «mouvements de protestation à la rentrée sociale pour défendre les acquis des travailleurs».