La cohésion syndicale fait-elle peur au gouvernement ? C'est du moins ce que pensent les syndicats autonomes regroupés autour de la coordination contre la révision du système de retraite. Au lendemain des déclarations du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, expliquant que les femmes et certains métiers pénibles ne seront pas concernés par la suppression de la retraite proportionnelle et sans condition d'âge, les syndicats se sont réunis pour arrêter le programme de la journée d'étude prévue le 30 juillet. Une façon de «réitérer la détermination de l'ensemble des partenaires dans cet espace à aller de l'avant dans la défense de nos droits», fera savoir le docteur Lyes Merabet. Le président du Syndicat national autonome des praticiens de la santé publique (SNPSP), joint par nos soins, a accusé le chef de l'Exécutif «de chercher à diviser les rangs des syndicats et à casser la cohésion» née depuis des semaines. «Ces propos ne sont qu'un grain de sable à travers lesquels on veut tâter le terrain et sonder la réaction des acteurs sociaux», nous dira Dr Merabet. Le président du SNPSP fera remarquer qu'il y a désormais un changement de discours chez les officiels. «Maintenant, on baisse le ton et on parle de femmes et de métiers pénibles. Demain, on ne sait pas de quoi va-t-on nous parler», dit-il, estimant que cela «prouve que la décision prise lors de la dernière tripartite était irréfléchie». Et notre interlocuteur de rappeler, pourtant, que «le plan de réplique arrêté en prévision de la rentrée est maintenu». Il s'agit, en effet, d'aller vers des actions de protestation communes qui pourraient paralyser plusieurs secteurs de la Fonction publique, dont la santé, l'administration, l'éducation nationale, l'enseignement supérieur, les postes… Plus que ça, la détermination des 17 syndicats va au-delà de leur regroupement contre la révision du système de retraite pour rejeter le projet du nouveau code du travail. Après la retraite, le code du travail «C'est notre objectif et il n'est pas question que ce projet passe sans notre consentement», tranche Merabet, estimant que le texte «remet en cause le droit de grève et le droit syndical, menace la pérennité de l'emploi et instaure des contraintes à la négociation». Idir Achour plaide dans le même sens. Pour le porte-parole du Conseil des lycées d'Algérie (CLA), le Premier ministre «manœuvre afin de casser la cohésion née entre les syndicats autonomes». Les propos de Sellal, tenus jeudi au Parlement, reflètent bien la peur du gouvernement de cette union sacrée née entre syndicats de différents secteurs. On imagine d'ores et déjà qu'une action simultanée fera sans doute tache d'huile, vu le nombre de travailleurs affiliés que drainent les 17 syndicats. D'où les inquiétudes d'une paralysie ou d'une explosion qui fera sortir les travailleurs dans la rue. En tout état de cause, rien ne semble fléchir les syndicats pour mener jusqu'au bout leur combat. «Le plan d'action de la rentrée est maintenu», affirme Idir Achour, ajoutant que la journée d'étude du 30 juillet aura à enrichir davantage les tenants et les aboutissants de la décision du gouvernement. Trois conférences sont programmées, nous dit-il, autour du «Code du travail et le système de retraite», animée par Noureddine Bouderba, «Risques de la réforme», par Nacer Djabi, ainsi que «Les solutions alternatives». La journée thématique sera organisée au siège du syndicat des paramédicaux (SAP).