De nombreux artisans dinandiers se disent inquiets face à la flambée des prix de la matière première. Déjà que le marché du nouveau Remblai et celui du centre de l'artisanat du Polygone «battent de l'aile», voilà que les prix de la matière première connaissent une flambée susceptible de mettre en péril le métier. Des mesures sont nécessaires pour promouvoir la dinanderie, eu égard à la cherté du cuivre qui a causé une récession de cette activité à Constantine, surtout que cette dernière occupait, avec 70% de la production nationale une place de choix, au niveau national dans les années 1970 et 1980. Des professionnels du secteur soulignent à propos de cette situation qu'actuellement trois importateurs alimentent la wilaya en cuivre brut lequel est cédé à plus de 900 DA le kilogramme aux dinandiers. Un prix d'autant plus déraisonnable que sa qualité est loin d'être irréprochable, vu que ce métal importé est composé de cuivre et de zinc à proportion quasiment égale, estime-t-on. «Si les prix de la matière première restent aussi élevés, on ne s'en sortira plus», nous avouera un dinandier activant au site du Polygone, qui se rappelle le temps où le métier avait le vent en poupe et où, nous dit-il, de véritables unités employaient jusqu'à 40 ouvriers. Un autre dinandier domicilié à Bardo abondera dans le même sens, affirmant pour sa part que : «Le nouveau Remblai est orphelin des marchands ambulants originaires notamment des wilayas de l'Ouest, qui venaient par dizaines chaque matin et écoulaient de grandes quantités de cuivre à l'ouest du pays». En désespoir de cause, et face à la cherté de la matière et la raréfaction de la clientèle, les artisans avouent multiplier les stratagèmes pour garder les prix à la limite du raisonnable, mais la qualité s'en ressent forcément, comme le fera remarquer notre artisan. «Aujourd'hui pour faire face à la hausse des prix, les artisans jouent sur la main-d'œuvre bon marché. La sculpture des plateaux de différentes dimensions, allant de 60 cm à 1 m de diamètre, se fait désormais de manière sommaire, d'autant que ces ustensiles de ‘‘bataille'', selon le jargon des dinandiers nécessitent peu de temps à la confection contrairement aux ustensiles ‘‘tloue'' (faits sur commande), de qualité supérieure et dont le prix peut atteindre les 22 000 DA pour un plateau de 1 m et 12/10 d'épaisseur», affirme notre interlocuteur. C'est pour cette raison, souligne-t-il, que les ustensiles de «bataille» inondent aujourd'hui le marché. «Pour les autres artisans dinandiers qui ont préféré garder intacte la qualité de leurs produits, la seule manière de s'en sortir est de jouer sur le poids de la matière première», précise-t-il. Ainsi les plateaux de 1 m proposés actuellement sur le marché ne dépassent pas les 5/10 de millimètres d'épaisseur et ne pèsent pas plus de 2 kg, alors que normalement pour garder toute leur rigidité ils doivent être réalisés dans du cuivre de 10 mm minimum.