Les prix du baril de pétrole, qui avaient atteint des niveaux inquiétants en début d'année, terminent 2016 autour des 55 dollars, soutenus notamment par la décision de l'OPEP prise en novembre dernier de réduire sa production de 1,2 million de barils/jour. En 2016, «l'OPEP signe un retour tonitruant aux affaires», commente Anisse Teraï, expert dans le secteur de l'énergie. La décision de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole de baisser son niveau de production pour la première fois en 8 ans marque «un changement de stratégie pour revenir aux plafonds de production longtemps délaissés au profit de la logique des parts de marché». Le cartel pétrolier a même réussi «la prouesse de convaincre d'autres pays exportateurs en dehors de l'organisation, dont la Russie, à contribuer à la baisse de la production mondiale», estime notre interlocuteur. Car ce n'était pas gagné d'avance. La «rivalité» entre l'Arabie Saoudite et l'Iran, le refus de certains pays touchés par les conflits armés de réduire leur production, et le poids de la production hors OPEP ne présageaient rien de bon, même si, souligne Anisse Teraï, «la chute des revenus et les déficits budgétaires ont poussé les pays exportateurs à travailler ensemble pour trouver des solutions». Et dans cette entreprise difficile, le rôle de l'Algérie s'est avéré crucial tout au long du processus qui a abouti à la décision de Vienne. Succès «L'Algérie a joué un rôle central et déterminant de médiation pour rapprocher les points de vue et aboutir à cet accord historique», indique l'expert. Cela a commencé par la préparation de la réunion d'Alger qui a permis, «avec un succès retentissant, de convenir de la baisse globale de la production et qui a préfiguré les négociations pour la répartition par pays». Et ensuite avec «les discussions bilatérales et multilatérales, engagées depuis de longs mois, que conduit encore le ministre de l'Energie en compagnie de la délégation algérienne». Un succès rare pour une diplomatie économique algérienne jusque-là en berne et un succès qui impacte directement la situation économique du pays. L'accord de l'OPEP devait permettre aux cours de rebondir, ce qui s'est effectivement produit au lendemain de la réunion de Vienne, avant que les cours ne se stabilisent autour des 55 dollars. Insuffisant pour rééquilibrer le budget algérien qui a besoin d'un baril supérieur à 80 dollars. A défaut de pouvoir rééquilibrer sa dépense publique, «l'Algérie pourra limiter les déficits budgétaire et commercial qui lui sont propres». Une sérénité relative à la veille de la nouvelle année, et qui devrait être employée pour lancer les réformes politiques, économiques et sociales tant attendues et si cruciales pour l'avenir du pays, selon l'expert. Cela, d'autant qu'en 2016 Sonatrach a pu augmenter sa production et ses exportations d'hydrocarbures et compte «capturer plus de valeur à travers une plus grande intégration de l'aval avec des projets de nouvelles raffineries et des complexes pétrochimiques modernes».