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L'économie algérienne dans un mortel statu quo
En attendant le scrutin de 2019
Publié dans El Watan le 08 - 01 - 2018

L'échéance du scrutin présidentiel d'avril 2019 étant relativement proche, la mise en œuvre de réformes susceptibles de donner de la visibilité à une économie plombée par plus d'une décennie de statu quo ne sera certainement pas à l'ordre du jour du gouvernement.
Il faut absolument éviter tout ce qui peut susciter des vagues de mécontentement populaire et des tiraillements politiques qui risqueraient de troubler l'ordre public et de remettre en cause l'éventualité d'un 5e mandat pour l'actuel Président et à défaut l'élection de celui qui aura été choisi pour lui succéder.
Le calme souhaité étant essentiellement une affaire de rente à répartir sur différents échelons de la société, on peut dire que le terrain est déjà bien préparé à cet effet. L'argent du pétrole, qui se remet à rentrer copieusement dans les caisses de L'Etat, et la planche à billets qui offrira dès cette année près de 1000 milliards de dinars, permettront de maintenir les transferts sociaux à des niveaux élevés, voire consentir des hausses de salaires et autres cadeaux sociaux à diverses couches de la population à l'approche du scrutin.
L'argent des oligarques, appelés à soutenir le candidat du système en finançant, notamment sa campagne électorale et l'ensemble du marketing qui va avec, sera également très important, sans doute même plus important que pour le quatrième mandat, le montant des contributions et le nombre de sponsors allant très certainement s'élargir à d'autres patrons en quête de protection pour leurs affaires.
Comme on a pu le constater à travers la loi de finances pour l'année 2018 et toutes les déclarations d'intention qui ont fusé à travers les réunions tripartites et les propos du Premier ministre, il n' y a aucune décision sérieuse de nature à donner corps à une véritable économie de marché fonctionnant selon les critères universels.
C'est toujours à l'Etat qu'il revient de faire tourner l'économie et de satisfaire la demande sociale au seul moyen de son budget, constitué comme on le sait de la fiscalité pétrolière, de l'argent du contribuable et de déficits cumulés. Le financement par le marché (emprunts sur divers marchés financiers, argent des entreprises privées etc.) est rarement envisagé, ce qui réduit considérablement la puissance financière du pays et contraint l'Etat à endosser l'entière responsabilité du développement économique et social de la nation.
Les meilleures pistes de collecte (privatisations des entreprises publiques) ou de compression de dépenses (réduction des transferts sociaux et du train de vie de l'Etat) sont expressément ignorées, de peur de susciter des vagues de mécontentement qui risquent de troubler la quiétude souhaitée à l'approche du scrutin de 2019.
Les décisions gouvernementales manquent de transparence et parfois même se contredisent et se télescopent. Le cas des directives contradictoires du Premier ministre sur la liste des entreprises autorisées à effectuer du montage automobile et celles relatives au partenariat public-privé qui a changé de signification au terme de deux réunions tripartites, constituent de parfaits exemples de décisions inassumées.
A l'évidence, ce mortel statu quo fait perdre un temps précieux à notre économie, qui ne cesse de reculer, comparativement à d'autres pays dont l'économie n'est pas l'otage de bas calculs politiciens. Des calculs malsains qui réduisent considérablement la visibilité économique et suscitent la méfiance des hommes d'affaires algériens et étrangers.
Les investissements sont tout particulièrement brimés par cette ambiance d'incertitude et d'instabilité juridique qui prévaut depuis plusieurs années en Algérie, mais qui s'exacerbe encore davantage à l'approche des élections.
Le statu quo dont souffrent les opérateurs économiques est d'autant plus lourd à porter qu'il prend sa source dans un système de gouvernance ultra-présidentiel.
Les grandes décisions relevant de l'autorité exclusive du président de la République, rien de sérieux ne peut se faire sans lui. Son état de santé et, sans doute, la difficulté de le convaincre de l'importance des décisions à prendre, rend, à l'évidence, pénible d'avancer à grands pas dans les réformes. Le pays en souffre pourtant cruellement tant l'avenir de son économie reste suspendu à ce vent de changements qui, pour toutes les raisons que nous avons évoquées plus haut, n'arrive pas à se lever.


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