Hautement médiatisés, les attentats perpétrés, dans la nuit de jeudi à vendredi, en Egypte interviennent dans une région qui constitue désormais une véritable poudrière. Alors qu'en Irak et en Palestine, la violence pratiquée quotidiennement contre les populations de ces deux pays poussent à des réactions extrêmes, les autres pays de la région du Moyen-Orient sont constamment sur le qui-vive. Tous les ingrédients sont en fait réunis pour s'attendre au pire. En Afghanistan ou au Pakistan, par exemple, les attentats se produisent sous divers prétextes, mais l'important à retenir, ce sont les risques de déstabilisation permanente qui pèse sur toute une région du monde. Hier, un camion-citerne contenant 40 000 litres d'essence et rempli d'explosifs a été découvert, à la veille de l'élection présidentielle afghane, près de Kandahar, l'ancien fief des talibans chassés du pouvoir en décembre 2001. Selon le capitaine de corvette Ken MacKillop, porte-parole de la Force internationale d'assistance à la sécurité (ISAF), ce véhicule aurait pu entraîner un attentat particulièrement meurtrier. En même temps, deux présumés kamikazes, « portant des gilets ceinturés d'explosifs », ont été interpellés à Jalalabad (180 km à l'est de Kaboul). Les deux hommes ont été arrêtés, alors qu'ils s'apprêtaient à monter à bord d'un autobus à destination de Kaboul, a affirmé Ken MacKillop. Au Liban, l'ambassade de Suisse a été l'objet d'une fausse alerte à la bombe hier. Une alerte prise au sérieux, surtout que, le 22 septembre dernier, le ministre libanais de l'Intérieur affirmait avoir étouffé dans l'œuf une tentative d'attentat préparée par le réseau terroriste Al Qaîda contre l'ambassade d'Italie à Beyrouth. Dans la nuit de lundi à mardi, une bombe a été jetée contre le patriarcat orthodoxe d'Istanbul, causant des dégâts matériels limités, mais ne faisant pas de victime. Le patriarcat œcuménique d'Istanbul, Bartholomée Ier, est la plus haute autorité du monde orthodoxe. En Tchétchénie, la situation demeure des plus explosives, alors que Moscou dénonce un foyer de « terrorisme international » dans cette république séparatiste. Mercredi dernier, le chef adjoint de la direction du FSB (service fédéral de sécurité) pour la Tchétchénie, Alexandre Potapov, a déclaré que plus de 150 mercenaires, citoyens d'une quarantaine de pays, dont la plupart sont des Arabes, des Turcs et des ressortissants de pays occidentaux et de la Communauté des Etats indépendants (CEI) se trouvent dans cette république. C'est pour dire combien cette partie du monde est aujourd'hui sous menace perpétuelle. Avec en plus la responsabilité attribuée aux ramifications du réseau Al Qaîda d'être derrière des attentats meurtriers en divers lieux du monde. Une responsabilité accentuée par la déclaration, ce jeudi, du président des services de renseignement fédéraux allemands (BND), August Hanning. Celui-ci affirme que le chef de cette organisation, Oussama Ben Laden, est encore en vie. Des indices s'y rapportant ne sont certes pas actuels, a reconnu Hanning, mais, selon lui, le BND apprendrait à tout moment la mort de Ben Laden, car les conversations de membres de sa famille sont écoutées. Plus de trois ans après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, la traque d'Oussama Ben Laden, l'homme le plus recherché de la planète, soupçonné de se cacher au Pakistan, dans une région montagneuse frontalière de l'Afghanistan, se poursuit sans succès malgré l'ampleur des moyens déployés.