Couvrant près d'un siècle, de 1917 à 2006, soit la totalité (sauf nouvelles découvertes) de la période allant de l'appropriation de la peinture de chevalet par les Algériens à aujourd'hui, le Dictionnaire des artistes algériens(*) de Mansour Abrous se présente comme un ouvrage de référence. De Djamila Ababsia à Mustapha Zoubir, il comprend 1750 biographies dont 1324 plasticiens et 118 spécialistes de l'art musulman auxquels ont été ajoutés les designers (151), les photographes (122) ainsi que les dessinateurs de presse et auteurs de bandes dessinées qui, dans la vision de l'art moderne, sont reconnus comme des artistes à part entière. Des tableaux chronologiques des événements artistiques avant et après 1962 permettent en outre de situer ces biographies dans l'évolution des arts plastiques et de donner aux lecteurs des repères sur les mouvements et tendances à telle ou telle période. Actuellement directeur de la culture de la ville de Créteil (France), Mansour Abrous a enseigné à l'Ecole supérieure des beaux-arts d'Alger après des études de psychologie et d'esthétique à Paris. Il œuvre depuis plusieurs années à donner à l'art algérien une visibilité de son histoire. Mis à part Contribution à l'histoire du mouvement étudiant algérien (1962-1982) publiée chez L'Harmattan, il s'est généralement centré sur son domaine de prédilection, réunissant au fil des ans une documentation fournie. Il avait déjà publié en 2002 chez Casbah Editions Dictionnaire biographique des artistes algériens (1917-1999). Le nouveau dictionnaire, disponible à la librairie de la Galerie Arts en liberté à Alger, apparaît comme une actualisation et un enrichissement du précédent travail. On apprendra ou confirmera que l'acte de naissance de la peinture nationale revient à Azzouaou Mammeri, apparenté d'ailleurs à l'écrivain et qui fut le premier Algérien à exposer (Paris, 1917). Brillant artiste mais limité par la vision de l'école orientaliste à laquelle il appartenait, certaines de ses œuvres figurent dans de grands musées du monde. Dans son introduction, Mansour Abrous livre sa vision. Il affirme notamment : « Il est en permanence claironné la renaissance des arts plastiques et on s'accorde à magnifier une embellie de circonstances et des manifestations ponctuelles. Il y a tout à construire : le réseau institutionnel, la formation artistique, les supports de création, de diffusion et de communication. Des signes encourageants pourraient infléchir ce pessimisme : le développement des galeries privées, l'excellence (parfois) de leur programmation, la prise en charge du patrimoine (Villa Abdeltif). » Les biographies présentées décrivent bien ce mouvement vers des ailleurs plus accueillants, au vu du nombre d'artistes travaillant à l'étranger et, plus encore, la proportion dominante parmi ces derniers de ceux qui se sont les plus distingués. L'amorce d'un retour que constatait Nadera Laggoune dans la précédente édition d'Arts & Lettres apparaît aussi un des signes encourageants dont parle Mansour Abrous. Les artistes et tous ceux qui étudient ou apprécient l'art (mais les bibliothèques surtout, en raison du prix) trouveront dans ce dictionnaire des sources établies qui, au-delà de la connaissance, pourront contribuer aussi à réguler le marché de l'art en donnant aux cotations des œuvres, des références plus précises sur leurs auteurs. (*) Ed. L'Harmattan. Paris 2006. 242 p. Prix : 2200 DA.