Il existe 16 galeries à Alger. Dans certaines villes du pays, il n'en existe pas. L'artiste peintre ou sculpteur doit venir à Alger pour exposer ses œuvres. Mais rassurez-vous, il ne restera plus qu'une galerie dans la capitale algérienne. Un décret (1) vient de tomber obligeant tous les gérants et propriétaires de galeries à avoir le diplôme des Beaux-Arts. Cela tombe bien, car pour les professeurs des Beaux-Arts, on leur demande d'avoir celui de maître assistant. La boucle est bouclée pour ainsi dire. « Le seul que je connaisse qui soit sorti de l'Ecole des beaux-arts c'est le propriétaire de la galerie de Riad El Feth, M. Ourif », comptabilise la directrice de la galerie Top Action, Mme Leïla Oussalah. La galerie est en pleine effervescence, car une exposition est prévue pour le 25 janvier, réunissant une pléiade d'artistes reconnus internationalement. « C'est difficile pour moi, car j'ai déjà eu tellement de déboires en tant que gérante de galeries. Je n'attends rien de l'Année de la culture arabe. Tout ce que je demande c'est qu'on nous laisse travailler en paix, que l'on puisse exercer notre profession tranquillement », reprend Mme Oussalah. Selon elle, elle est connue des services de la culturelle…Sa dernière expérience a été amère, mais également constructive pour l'acquisition de ce qui semble le plus important pour tous les passionnés de l'art : l'indépendance. « J'aime les artistes, j'aime l'art », ajoute-t-elle pour toute explication. Ce métier est un métier à risque, puisque pour chaque exposition, c'est la roulette russe. « Si j'expose un artiste c'est que j'aime ce qu'il fait. Mais qu'en est-il du public ? Parfois on a le nez, parfois on tape à côté et là ça peut faire très mal », relève-t-elle. Le décret qui vient de tomber va énormément restreindre le nombre de galeries, relève Leïla Oussalah et l'essentiel repose, selon elle, sur l'amour que l'on porte à l'art. La mesure est décourageante et la renvoie au temps où elle s'est occupée d'une galerie particulière. « Je suis économiste, mais j'ai toujours aimé l'art. C'est mon grand-père puis mes parents qui m'y ont initiée. Ma dernière expérience à la Citadelle d'Alger, voilà trois ans, a encore mauvais goût », se remémore-t-elle. Leïla Oussalah explique qu'elle a été congédiée de la galerie de la citadelle alors que les résultats avaient été probants. « J'avais signé une convention pour promouvoir le site et obtenir de faire intéresser le public à la Citadelle. J'avais donc ouvert le palais du Bey pour en faire provisoirement une galerie et exposer. J'ai d'ailleurs refusé certaines œuvres de peur de les endommager par l'humidité qui régnait dans les lieux. Mais cela a été un réel succès », assure Leïla Oussalah. « J'avais obtenu la visite d'environ 500 personnes lors du vernissage. Se sont déplacés des ministres algériens, mais également étrangers dont un ministre turc. Une attraction extraordinaire », poursuit-elle. « J'ai été zappée pour la visite du président de la République », conclut-elle. « Sans aucune explication », signale-t-elle. Une pétition a circulé pour arriver auprès de la tutelle, mais sans grand résultat. (1) Décret du 11 mai 2006 publié dans le Journal officiel le 14 mai 2006