Une série de « réajustements » opérés en l'espace de quelques mois ont porté les prix des billets d'Air Algérie à des niveaux exagérément élevés. A titre d'exemple, le billet aller-retour Alger-Paris coûte aujourd'hui 46 000 DA, soit environ 520 euros au taux de change officiel. Il est bon de savoir qu'avec une telle somme vous pouvez, sous d'autres cieux effectuer le voyage aller-retour Paris-New York ou bien obtenir des formules de vacances d'une durée minimum d'une semaine en Tunisie, au Maroc, en Turquie ou au Liban, hôtel et billet d'avion compris. La compagnie Air Algérie est, dit-on, non encore satisfaite des prix actuels et projette d'opérer d'autres augmentations pour consolider l'emprunt obligataire qu'elle vient de lever dans le but de renouveler sa flotte largement amortie mais aussi et surtout pour faire face à ses sureffectifs et à ses charges d'exploitation excessives. Mais la gravité du problème soulevé ne réside pas tant dans la décision d'augmenter substantiellement les prix des billets aussi bien sur les lignes extérieures qu'intérieures, la compagnie Air Algérie étant une société par actions est, en effet, tout à fait souveraine de sa gestion. L'anomalie, très grave pour un pays qui a décidé d'ouvrir le transport aérien à la concurrence réside dans le fait qu'Air Algérie se comporte comme un monopole en faisant notamment obligation aux compagnies étrangères concurrentes (Air France, Aigle Azur) de s'aligner sur ses prix. Il s'agit-là d'une très grave entorse à la loi sur la concurrence et il est tout à fait étonnant que ni le conseil de la concurrence ni le ministère des Transports ne se soient penchés sur ce problème qui, non seulement pénalise les voyageurs algériens mais également le pays qui perd des sommes considérables en devises, du fait des transferts de bénéfices de plus en plus importants réalisés par les compagnies étrangères, bien heureuses de profiter des hausses des prix des billets dont les a si généreusement gratifié la compagnie nationale Air Algérie.