Les écoles françaises et algériennes de formation du personnel de l'administration pénitentiaire ont signé, hier, une convention de jumelage dans le but de renforcer les échanges d'expérience en matière de formation et d'activités pédagogiques au profit des cadres et formateurs des deux écoles. Elle intervient une année après la signature d'un protocole d'entente entre les deux administrations pénitentiaires, dont l'objectif est l'élaboration de projets mixtes et la réflexion commune autour des domaines de la recherche et de l'amélioration des pratiques professionnelles. Cette coopération a permis déjà la formation d'une trentaine de directeurs de prison dans les nouveaux modes de gestion des établissements pénitentiaires et d'une trentaine d'officiers de la rééducation pour être formateurs. A cette occasion, le directeur de l'Ecole nationale de l'administration pénitentiaire française, Georges Vin, a déclaré qu'il s'agit là « d'une première » en matière de coopération « dans la mesure où habituellement la coopération commence par la signature de la convention. Or, entre les deux écoles, les échanges d'expériences et de formation ont été entamés il y a plus d'une année ». Le responsable a mis l'accent sur « les efforts déployés en Algérie en matière de modernisation et d'humanisation des prisons, et ce dans le cadre de la réforme de la justice. A ce titre, notre visite à la prison de Tizi Ouzou a été très riche en enseignements ». Interrogé sur le nombre de détenus en France, M. Vin a expliqué qu'il existe actuellement « 60 000 détenus qui purgent leurs peines en dehors des structures pénitentiaires. Le reste entre 40 et 50 000 détenus dans les prisons ». Pour lui, le système carcéral français diffère de celui de l'Algérie, puisqu'il privilégie les cellules individuelles, ce qui n'est pas le cas pour notre pays, où les prisons héritées de l'ère coloniale, sont constituées de cellules collectives. A propos de la détention provisoire, M. Vin a estimé qu'il y a une grande diminution du nombre des prévenus ces dernières années. « Il n' y pas de statistiques très précises, mais je pense que la moyenne se situe entre 22 et 23 %. » Selon lui, la population carcérale est beaucoup plus constituée de détenus relevant du droit commun, en majorité liés à la petite criminalité actuellement en hausse en France et plus visible dans les établissements pénitentiaires. Il a indiqué, à ce sujet, que le taux de récidive reste très difficile à cerner dans la mesure où il est lié à divers paramètres, avançant, toutefois, une moyenne de 40% des détenus qui reviennent à la prison après avoir purgé une première peine. Interrogé sur la problématique des suicides dans les prisons françaises, M. Vin a déclaré que 120 détenus se donnent la mort, chaque année, sur une population carcérale de près de 80 000 détenus. « Ces prisonniers sont généralement des dépressifs. Avant même qu'ils ne soient incarcérés, ils souffraient de ces maladies. Une fois à la prison, ils dépriment et recourent au suicide. » Pour sa part, M. Dib, secrétaire général, n'a pas été très prolixe en matière d'informations. Interpellé sur l'affaire du décès à l'hôpital de l'ancien directeur général de Khalifa Bank, détenu à El Harrach, M. Dib a noté que le défunt souffrait d'une lourde maladie et que tous les moyens nécessaires pour sa prise en charge existent au niveau de la prison. « De plus, lorsqu'il faut faire intervenir les moyens de l'Etat, en l'occurrence les hôpitaux, nous n'hésitons pas. Ce qui a été le cas pour le détenu en question. » M. Dib a précisé que le décès aurait pu avoir lieu à l'extérieur de la prison, expliquant que « la mise en liberté provisoire, très complexe pour ce genre d'affaire, n'aurait pas arrangé son état. Nous avons fait ce nous avons jugé nécessaire de faire ». A signaler, enfin, qu'Alger abritera, samedi prochain, une réunion des directeurs de la législation des pays arabes.