Après les producteurs de lait, c'est au tour des boulangers de monter au créneau pour demander aux pouvoirs publics de se pencher sur leur cas. Le comité national des boulangers, affilié à l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), souhaite en effet l'ouverture d'un dialogue avec des responsables du ministère du Commerce « dans les plus brefs délais » afin d'exposer leurs doléances et éviter ainsi de faire éclater une crise semblable à celle du lait dont l'enjeu sera le prix de la baguette de pain. « Le prix de la farine a connu une augmentation passant de 1800 DA le quintal à un prix variant entre 2100 et 2400 DA après l'augmentation du prix du blé sur le marché international. Les prix de tous les ingrédients que nous utilisons ainsi que ceux de l'électricité et de l'eau ont également augmenté. Il n'y a que le prix de la baguette de pain qui reste inchangé depuis 1996 », s'insurge Kouider Goudjil. L'instauration de l'impôt forfaitaire n'a pas arrangé les choses, relève-t-il. « Nous avions l'habitude de payer 2% sur le chiffre d'affaires, alors que maintenant et avec les nouvelles dispositions de la loi de finances de 2007, nous sommes obligés de payer 12%. Avant pour un chiffre d'affaires de 3 millions de dinars par an, on s'acquittait de 15 000 DA d'impôts contre 108 000 actuellement », affirme M. Goudjil. Il n'a pas manqué de souligner la cherté de la main-d'œuvre qualifiée. Le prix de revient d'une baguette de pain avoisine les 10 DA, soit le même coût que celui appliqué aux consommateurs, fera-t-il remarquer. D'après lui, si le gouvernement a décidé de surseoir à l'augmentation du prix du pain, il doit tenir compte toutefois des conséquences d'une telle mesure sur les boulangers. Ces derniers, soutient-il, travaillent à perte. D'ailleurs, beaucoup d'entre eux ont mis la clé sous le paillasson, assure-t-il. Le nombre de boulangers est passé de 17 000, il y a trois ans, à 10 000 actuellement, indique-t-il. Ceux qui ont réussi à maintenir leur activité trichent souvent en vendant des baguettes de 180 à 200 g au lieu des 250 g réglementaires. Surtout avec une concurrence déloyale des commerçants de l'informel qui vendent à même le trottoir dans des conditions d'hygiène déplorables, dénonce M.Goudjil. « L'Etat doit mettre la main à la poche. Qu'il nous donne des subventions conséquentes ou qu'il procède à un allégement des charges », estime ce représentant du syndicat des boulangers. Il rappelle qu'un accord avait été convenu en 2004 avec Noureddine Boukrouh, alors ministre du Commerce, pour augmenter le prix de la baguette à 9,5 DA le premier semestre 2005 avant de le ramener à 11 DA le deuxième semestre. L'ancien chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, a cependant refusé de mettre en application cet accord. Notre interlocuteur fera savoir que son comité ne manquera pas de saisir l'occasion de la réunion mardi prochain avec des responsables du ministère des Finances au sujet de la loi de finances pour 2008 pour discuter des problèmes auxquels est confrontée la profession.