Les conditions climatiques, les maladies ainsi que le comportement malhonnête de certains acteurs du marché sont à l'origine de la hausse des prix des produits agricoles, nous a indiqué hier Amar Assabah, directeur de la régulation et du développement de la production agricole, au ministère de l'Agriculture. La production agricole a été affectée par différents aléas qui se sont répercutés sur la disponibilité des fruits et légumes sur le marché de détail, a-t-il affirmé. Il en est ainsi des fruits, tels que les abricots et les pêches, dont une bonne partie de la production a été détruite à la phase de la floraison par des pluies torrentielles, a-t-il souligné. Pour ce qui est de la crise de la pomme de terre, le département de Saïd Barkat s'en lave les mains par la voix de M. Assabah, qui assure que tout a été fait pour éviter une telle situation qu'il attribue à divers facteurs dont la pénurie de semence pour la production de saison. Ainsi, si les récoltes d'arrière-saison et primeur sont semées avec de la semence produite en Algérie, celle de saison, en revanche, est importée d'Europe, précise notre interlocuteur. « Cette année, les Européens ont eu des problèmes climatiques qui ont été à l'origine de la diminution de la disponibilité de la semence sur le marché. On n'a pas pu s'approvisionner et trouver des quantités suffisantes pour approvisionner les agriculteurs. C'est pour cette raison qu'il y a eu une diminution des superficies semées, donc de la production », a-t-il expliqué. « Nous avons trois tranches de production pendant l'année, celle de saison, l'arrière-saison et la primeur. La production de la pomme de terre de saison en 2007 est inférieure à celle de l'année dernière à la même période », a-t-il ajouté. En somme, pour la production de saison, l'Algérie dépend entièrement de l'importation. Pour M. Assabah : « Afin de ne pas dépendre de l'importation, il faut avoir la production de semence de première génération. Il y a déjà des projets avec la coopération internationale. » L'indisponibilité de la semence n'explique pas à elle seule la hausse vertigineuse du prix du précieux tubercule, reconnaît néanmoins ce responsable du ministère de l'Agriculture. La négligence de certains agriculteurs a été à l'origine de la propagation de la maladie du mildiou qui a touché 5000 ha des 35 000 ha des surfaces de la culture de la pomme de terre. Près de 10% ont été totalement perdus, fera savoir M. Assabah. « Chaque année, il y a le mildiou, mais cette année il a été plus véhément. Les agriculteurs ont été surpris et n'ont pas eu le temps de réagir à temps », a-t-il poursuivi. Pratiques Malhonnêtes M. Assabah n'a pas manqué de pointer un doigt accusateur vers certains acteurs de la filière de la pomme de terre qui s'adonnent à des pratiques malhonnêtes. « Il y a aussi le jeu de certains opérateurs, y compris des agriculteurs, ils ont profité de la situation. Des commerçants ont stocké à des fins de spéculation, d'autres ont augmenté le prix à la parcelle. Il n'y a pas eu un comportement citoyen », a-t-il déploré. Il tient tout de même à rassurer en soutenant qu'il s'agit juste « d'un accident » de parcours. « Ce n'est qu'un nuage qui va passer. On devrait entrevoir le bout du tunnel avec la tranche d'arrière-saison. Nous allons faire une évaluation en septembre pour voir quelles sont les surfaces qui seront plantées. Nous avons une bonne production de semence cette année 2007 qui sera semée l'arrière-saison pour laquelle nous avons une totale autosuffisance », a-t-il assuré. S'agissant du lait, M. Assabah insiste sur le fait que l'Algérie est en bonne voie pour assurer ses besoins en la matière estimés à 3 milliards de litres. Il en veut pour preuve l'évolution continue et régulière de la production et de la collecte. « La production est passée de 1,9 milliard de litres à 2,2 milliards de litres. Maintenant, il y a un problème de collecte qui est de seulement 15% de la production globale. Le reste va vers le marché informel », a-t-il confié. Il estime que la solution pour les transformateurs qui se plaignent de la hausse du prix de la poudre importée du marché international est la collecte de lait cru auprès des éleveurs locaux. Il regrette que ces derniers n'investissent pas dans ce créneau. « Il y a des éleveurs bovins qui ne trouvent pas preneurs pour leur lait. Il y a un désinvestissement dans le domaine en raison des contraintes économiques que rencontrent les potentiels investisseurs et cela se répercute sur le développement de la filière », a-t-il avancé. M. Ziani, président de la Fédération nationale de l'industrie agroalimentaire, agriculture et pêche, affiliée à la confédération des industriels et producteurs algériens, estime pour sa part que la proposition du chef du gouvernement d'accorder une prime du lait aux citoyens est une initiative louable. Il plaide toutefois pour la libéralisation totale du marché qui sera accompagnée par une augmentation du salaire minimum garanti et un allégement des charges sur les producteurs. Ce représentant des producteurs de lait a également évoqué le souhait de son organisation de rencontrer des membres du gouvernement afin de trouver une solution durable à cette crise.