Devant le palais du festival, qui fait face à la mer Adriatique, la foule trépigne d'impatience. Certains veulent voir des films. D'autres sont là pour voir les stars sur le tapis rouge : Monica Belluci, Brad Pitt, George Clooney. Le palais est envahi. Les autres salles du Lido aussi, pleines à craquer, même aux séances de minuit. Venise a un projet pour un nouveau palais dont l'acteur américain George Clooney a déjà posé la première pierre. La Biennale de Venise veut sérieusement faire le prestige de son secteur cinéma. D'autant plus que cette 64e session de la Mostra apparaît vraiment comme une exceptionnelle réussite. Les 22 films de la compétition pour le Lion d'or sont montrés ici en première mondiale. La Warner Bros et la Twentieth Century Fox américaines ont accepté de donner leurs productions avant leurs sorties en automne. II y a six films américains en concours faits avec des budgets imposants. Sur la guerre d'Irak, deux productions qui sortent du moule habituel de propagande, Redacted (Brian de Palma) et In the Valley Of Elah (Paul Haggis). On a vu aussi le fascinant portrait du célèbre hors-la-loi américain Jesse James, qui volait les banques pour donner aux pauvres, dans la magnifique saga réalisée par l'Australien Andrew Dominic. Brad Pitt dans le rôle de Jesse James a créé une sensation ici. Toute une partie de la Mostra est dédiée au western spaghetti. Remake ou parodie des films de John Ford, Raoul Walsh, Howard Hawks... tournés en Sardaigne, en Espagne et dans l'ex-Yougoslavie. Les Italiens prétendent que le western américain est mort et ce sont eux qui l'ont fait revivre. Sergio Leone, Sergio Corbucci, Sergio Solima, Ricardo Fréda, Tonino Valéri ont créé un genre qui était comme on dit très « fun », très marrant à voir. Le western spaghetti est apparu dans les années 1960, en Italie comme en Espagne aussi. A la même période triomphait à la Mostra de Venise le Désert rouge (Antonioni), la Dolce Vita (Fellini), le Guépard (Visconti) et, au Vatican, l'Evangile selon Saint-Mathieu (Pasolini) provoquait un gros scandale. Pour la bonne cause, Sergio Leone a fait venir les acteurs américains (Clin Eastwood, James Coburn, Tony Kendall et il a tourné aussi avec des acteurs mexicains, chinois, italiens... Tout ce qu'ils avaient à faire c'était de savoir monter à cheval, mettre un chapeau de cow-boy, manier un pistolet et se laisser pousser la barbe. Les scénaristes lisaient, paraît-il Homère et Shakespeare avant d'imaginer des histoires de chevauchées sanglantes, de rêve et de passion.