Enfin une voix s'élève dans cet océan de médiocrité qu'est devenu le football algérien. Le ministre de la Jeunesse et des Sports est donc monté au créneau pour dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas, à savoir qu'il n'y a de fatalité dans le sport que pour les éternels défaitistes qui considèrent que cette manière d'être moderne n'est pas partie intégrante de la culture populaire et matière à fierté pour les peuples. Les Algériens aiment profondément le football bien plus que certaines autres nations pourtant très en vue dans cette discipline. Hachemi Djiar l'a dit crûment en réunissant hier un aréopage de présidents des clubs de division une et deux directement impliqués par leurs agissements clubards et leurs calculs étriqués dans le déclin du football et, partant, dans la relégation de notre équipe nationale dans la hiérarchie continentale. Le représentant du gouvernement semblait vouloir lutter contre la fatalité de l'échec qui semble avoir gagné les esprits en lançant un « on ne peut rester les bras croisés » qui devrait être le signe avant-coureur d'un profond réaménagement que chacun de nous souhaite. A ce sentiment partagé par tous ceux que les différentes humiliations dans les compétitions internationales ont irrités, le ministre se défend d'être un va-t-en-guerre comme l'a été son prédécesseur et qui n'a récolté, en fin de compte, que des résultats dérisoires voire avoir inoculé un malaise ambiant dont le sport algérien se relève aujourd'hui difficilement. C'est dans la perspective de fonder son action sur le respect des lois régissant les associations que le locataire de la place du 1er Mai tente d'instruire un acte de réflexion basé sur la méthode et la concertation. C'est un premier pas. Et c'est un premier pas d'autant plus important qu'il émane des pouvoirs publics, déterminés cette fois-ci, dit on, à mettre les moyens nécessaires pour que ce « problème sérieux » n'en soit plus un. Rude tâche quand les puristes ont en mémoire qu'il ne suffit pas d'un badigeonnage à la faveur de l'éphémère passage d'un ministre pour que les choses reprennent leur place normale. Non, le travail est colossal, car il s'agit de refaire les fondations de la maison football et d'en reconstruire la superstructure. Il faudra aussi agir sur les mauvaises herbes qui l'entourent et générer un état d'esprit compétitif neuf avec comme corollaire la formation des jeunes talents qui était notre point fort dans un passé récent et qui nous fait aujourd'hui grandement défaut. En lançant un vivifiant « Je suis désolé, ce n'est pas dans notre tradition d'être absents des grands rendez-vous », les amoureux du football vont sans doute s'accrocher à l'idée que M. Djiar va enfin tenter quelque chose qui soit en rapport avec le redressement attendu. Ce dernier doit avoir à l'idée que la crise qui mine la pratique est un tout et il reviendra à la cellule qui sera certainement mise en place dans les prochains jours d'en déterminer toutes les facettes. Pour cela, il faudra du temps, de l'argent et surtout la volonté d'aller au bout de son action. S'enfermer, travailler, lutter contre les passions clubardes exacerbées et exécrables, donner un nouveau profil au footballeur professionnel, accorder une attention soutenue aux petites catégories, donner un statut à l'équipe nationale, tout cela nécessitera donc que l'on se donne la peine d'essayer pour se départir de cette fatalité médiocre qui nous assaille au gré des éliminations de nos représentants dans les compétitions internationales. Même s'il faudra attendre, patienter cinq à dix ans, le travail bien fait finira toujours par payer. Pour l'heure donc, ne nous complaisons pas dans notre défaitisme et essayons simplement, présidents de clubs inamovibles, personnalités de toute obédience et presse sportive, de ne pas gêner par des comportements inconvenants et décourageants ceux qui veulent effectivement « faire quelque chose » pour ce football national que nous aimons tous et dont nos enfants seront fiers un jour.