Le ministre de la Santé, Amar Tou, a mis en garde hier les chefs des établissements de santé publique à propos de la gestion des ressources affectées à la réhabilitation et équipements, selon les besoins et les moyens nécessaires. « Assumez vos responsabilités », a-t-il dit en s'adressant à l'ensemble des directeurs des établissements présents au ministère de la Santé à l'occasion de la mise en place du comité médical national pour la prise en charge de la scoliose. Une maladie non soignée en Algérie depuis quelques années. « La contractualisation que beaucoup de personnes rejettent est vue par les gestionnaires comme un moyen de contrôle redoutable », a-t-il ajouté avant de rappeler que les services d'orthopédie au niveau national ont été dotés de moyens nécessaires pour donner un nouveau souffle à cette spécialité et prendre en charge les cas de scoliose qui sont depuis quelques années livrés à eux-mêmes. « 156 milliards de dinars ont été débloqués pour la réhabilitation des structures sans compter ce qui a été affecté à l'équipement et à l'achat des médicaments », a-t-il encore rappelé. Ainsi, il a appelé les spécialistes à s'unir au sein de ce comité afin de mettre en place des recommandations sur l'organisation et le fonctionnement du réseau national de prise en charge de la scoliose. Ce qui nécessite en fait une évaluation de l'état des lieux. Un aspect qui a été présenté par deux professeurs, chefs de service respectivement à l'hôpital Mustapha Pacha et Douéra. Les professeurs Kaced et Nouar sont unanimes à dire que les moyens humains et matériels ont durant longtemps fait défaut dans leurs services respectifs. Outre la complexité de la prise en charge de la maladie, la communauté des chirurgiens spécialistes de la scoliose a été réduite au bout en peau de chagrin. « Une scoliose programmée est reportée à raison de 3,5 fois en raison de tous les problèmes cités et la charge des complications en traumatologie accueillie dans le service. Un cas de scoliose a au minimum 19 mois d'attente », a relevé le Pr Nouar, chef de service d'orthopédie traumatologie à l'hôpital Mustapha, tout en précisant que la prise en charge de la scoliose est multidisciplinaire. Le Pr Kaced a, quant à elle, tenu à préciser que des compétences existent, il suffit de mettre à leur dispositions les moyens nécessaires pour travailler et une rémunération conséquente. « On ne peut pas payer de la même manière un chirurgien qui opère un avant-bras suite à un traumatisme et celui qui opère une scoliose », a-t-on fait remarquer. Le problème d'appareillage pour le traitement et le suivi de cette maladie a été également posé par les spécialistes, notamment le problème de prise en charge par la sécurité sociale. Pour le moment, le ministère de la Santé s'engage à assurer la prise en charge de cette maladie en attendant la mise en application du système de la contractualisation. Par ailleurs, des responsables de structures privées présents à la rencontre regrettent qu'ils ne soient pas associés à cette nouvelle stratégie. « Nous avons été ignorés, pourtant nous sommes en mesure de prendre en charge dans nos établissements cette maladie », ont-ils signalé. Pour rappel, la scoliose est l'une des déformations de la colonne vertébrale qui entraîne une torsion du rachis et une déformation du thorax, de l'abdomen et des zones paravertébrales. Elle touche généralement plus de filles que de garçons. « Deux filles pour un garçon », a-t-on indiqué.