Les jeunes de Timimoun posent le problème des sociétés étrangères qui exploitent dans la région, mais ne recrutent pas les enfants de la localité. Adrar. De notre correspondant Il était près de midi ce dimanche à Timimoun, la ville était relativement calme. On pouvait remarquer une activité peu discrète des véhicules de police et de gendarmerie et celle d'un imposant dispositif de sécurité installé sur les principaux axes qui traversent Timimoun, localité largement réputée pour sa beauté ainsi que la sérénité et l'hospitalité de sa population. Les premiers élèves amorçaient leur sortie des écoles. C'est le jour du marché hebdomadaire, les habitants faisaient leurs emplettes le plus normalement du monde. Et pourtant la veille, en début de soirée, Timimoun était sous tension. Les jeunes du quartier sud de la ville où se trouve la cité des 200 Logements avaient extériorisé, près de trois heures durant, leur colère en s'attaquant à des structures étatiques implantées à leur proximité, comme le siège de l'Actel, les locaux des finances et le CTC, même une dizaine de locaux commerciaux, non encore attribués, destinés à cette jeunesse, n'ont pas été épargnés. Pour en savoir plus sur les raisons et les faits de la veille, nous nous sommes rapprochés d'une terrasse de café où deux jeunes garçons étaient attablés, prenant leur thé, pas très loin de l'endroit où se sont déroulées les émeutes. Questionnés sur le sujet, ils affirmeront qu'ils n'ont pas participé à ce mouvement de protestation, mais en savent sur les motifs qui ont emballé cette jeunesse. L'un d'eux, M. A., nous dira : « Cette manifestation était prévisible, car cela fait plusieurs mois que ces jeunes sont sous pression sociale. » Notre première question était de savoir pourquoi ce sont des jeunes, habitants de la cité des 200 Logements, qui ont manifesté. Pourtant, ce quartier n'est pas un ghetto, c'est une cité d'anciens fonctionnaires de l'Etat, et à présent des cadres y habitent encore. Calme précaire Il répondra : « Vous croyez que la misère n'est pas aux portes des fonctionnaires et leurs familles. » Il continua : « La semaine dernière, des jeunes se sont déplacés au siège de l'APC pour rencontrer le maire afin de lui exposer leurs préoccupations majeures relatives à l'emploi et au chômage, ils disent seulement avoir été froidement reçus de la part de cet élu et ses membres. » Ce qui a peut-être fait monter leur colère, c'est lorsque le P/APC leur affirma qu'il ne pouvait rien faire pour eux. Dans la discussion, on a soulevé à nos interlocuteurs que la question de l'emploi et du chômage était un problème national et que dernièrement, le président de la République l'avait pris personnellement en charge et qu'il aurait donné de nouvelles orientations sur le dossier de la jeunesse. M. A. nous dira : « C'est vrai qu'il y a du nouveau pour la jeunesse, mais cela tarde à venir, et puis ces jeunes n'écoutent pas les discours politiques. Cependant, ils s'interrogent pourquoi les sociétés étrangères qui exploitent dans la région ne recrutent-elles pas des enfants de la localité ? Pourquoi ramènent-elles des travailleurs d'ailleurs ? Pourquoi ne s'approvisionnent-elles pas de Timimoun ? Que tirons-nous de leur présence sur notre sol ? » Sur un autre plan, il nous affirme encore : « Le secteur de l'agriculture est très important au Gourara, alors où sont les services agricoles, pourquoi ne pas dégager un programme de mise en valeur pour ces jeunes ? D'autre part, les dispositifs de l'Ansej, l'Angem, la Cnac… ces jeunes n'entendent parler qu'à la TV. » Pour conclure, ce jeune homme nous affirmera : « Ce qui a aggravé la situation, c'est l'inexistence de dialogue entre ces jeunes et les responsables locaux à Timimoun. » Cependant, on nous apprend qu'une vingtaine de personnes a fait l'objet d'arrestation et que l'enquête suit toujours son cours. Il y a une accalmie dans cette belle oasis rouge, mais certains observateurs estiment que cette situation se trouve dans l'œil du cyclone.