L'Allemagne sonne la charge contre ses riches contribuables qui grugent les impôts et contre l'un de leurs refuges, le Liechtenstein, en s'attaquant au plus grand scandale de fraude fiscale de son histoire qui tient l'opinion en haleine depuis une semaine. L'enquête cible un millier de contribuables allemands soupçonnés d'avoir dissimulé aux services des impôts jusqu'à 4 milliards d'euros placés au Liechtenstein. L'Allemagne s'en prend surtout aux 45 à 50 000 « fondations » anonymes du Liechtenstein, aux règles particulièrement souples et imposées très faiblement qui, d'après ses enquêteurs, sont particulièrement utilisées par les fraudeurs. L'Allemagne a accablé le Liechtenstein, son secret bancaire et ses fondations opaques, et reçu le soutien de l'Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE), qui a déploré les pratiques de ce « paradis fiscal non coopératif », comme Andorre et Monaco. Les enquêteurs s'appuient sur des données volées dans une banque liechtensteinoise et acquises par les services secrets allemands. Un mystérieux informateur, désormais traqué par la presse économique et par la police de la principauté (Vaduz), leur a vendu contre 4 à 5 millions d'euros un DVD explosif qui contiendrait des centaines de noms, de courriers et d'extraits de comptes, mais aussi des consignes secrètes des autorités de la principauté pour contourner les fiscs étrangers. L'affaire est très embarrassante pour le Liechtenstein, micro-Etat qui tire un tiers de son Produit intérieur brut (PIB) du secteur financier. Elle risque de lui coûter la perte d'une riche clientèle bancaire, dont nombre d'Allemands fuyant le fisc de leur pays, particulièrement gourmand. Ainsi, le Liechtenstein a accusé l'Allemagne d'attenter à sa souveraineté et dénoncé « l'énergie criminelle » de ses enquêteurs fiscaux. Puis, soucieux d'éviter une crise diplomatique, il a promis de rendre plus contraignant le droit qui régit les quelque 50 000 fondations domiciliées sur son sol. En dépit des exigences de la chancelière allemande, Mme Merkel, en matière de transparence financière, le chef du gouvernement du Liechtenstein, Otmar Hasler, a été clair : le Liechtenstein maintiendra son secret bancaire et l'anonymat de ses fondations, les « autorités fiscales de chaque pays » n'ont qu'à traquer elles-mêmes les fraudeurs. A.F.P., M. R.