La révision de la Constitution est maintenue. Ahmed Ouyahia en est sûr : « Elle aura lieu. » Invité de l'émission « Rencontre de jeudi », diffusée sur les ondes de la Radio algérienne, le secrétaire général du RND vient par là appuyer les propos de Abdelaziz Belkhadem, chef du gouvernement, qui a affirmé dans un entretien paru mercredi dernier dans le journal français Le Monde que la révision de la loi fondamentale du pays verra le jour dans les mois à venir. M. Ouyahia ne s'aventure cependant pas à avancer une date pour cette « opération » qui risque d'être démentie par la suite. « La date de cette révision dépend du président de la République, seul habilité à le faire », se contente-t-il de dire. Pour le numéro un du RND, il n'y pas eu de retard dans la révision puisqu'elle n'a jamais été programmée de manière officielle. « Je vous ai dit en 2006 qu'on ne pourra parler de cette révision qu'en 2008 », lance-t-il à l'adresse de la presse, ajoutant que les amendements passeraient par le Parlement.M. Ouyahia ne trouve aucun inconvénient que cette révision supprime la limitation du nombre de mandats présidentiels à deux. Il dit être un partisan de la continuité, car convaincu que le pays a besoin de stabilité. « En Corée du Sud, deux hommes ont gouverné pendant 35 ans », fait-il remarquer, réitérant son soutien à un troisième mandat pour le président Bouteflika. M. Ouyahia regrette qu'il y ait « beaucoup de spéculations » sur ce sujet : « On a perdu beaucoup de temps dans la spéculation au lieu d'aller s'occuper de nos problèmes. » Il rappelle au passage la « frénésie » spéculative qui a suivi son départ du gouvernement en 2006. « On a parlé beaucoup d'un conflit entre moi et le Président », précise-t-il. Il estime que c'est pour cela que certains sont surpris que ce même Président le désigne pour le représenter dans des rencontres internationales de haut niveau. Sur un autre registre, celui du remaniement gouvernemental dont on parle, M. Ouyahia a indiqué que « cela arrivera un jour », estimant tout de même que le plus important n'est pas d'attendre ce remaniement, mais de travailler davantage. S'il a félicité le gouvernement sur certains dossiers, M. Ouyahia ne s'est pas empêché de relever des manquements, notamment en matière de politique d'aide aux éleveurs de bétail, mais surtout en matière de facilitation de l'investissement. « Plus d'efforts devraient être consentis, défend-il, pour faciliter et encourager l'investissement. Notre pays est en jachère. » Il estime également, en parlant de l'école et de l'enseignement supérieur, qu'il aurait été plus judicieux si l'argent consacré pour le programme Ousratic (un ordinateur par foyer) avait été mobilisé pour équiper toutes les écoles et les facultés d'ordinateurs pour élèves et étudiants. « Pas de révolutionau sein du RND » Revenant sur le troisième congrès du parti, qui se tiendra du 25 au 27 du mois courant, M. Ouyahia affirme qu'il n'y aura pas de surprises. « Le congrès, dit-il, est un événement important dans la vie du parti et la résolution politique qui en émanera sera sans surprise ». Rassurant que tout est fin prêt, l'ex-chef du gouvernement indique qu'« il n'y aura pas de révolution dans les positions du RND » après ce congrès. D'après lui, le RND a acquis une expérience qui lui a permis de préparer ce troisième congrès avec sagesse et sans incident, et ce, grâce notamment à l'implication de tous les militants par le biais d'un questionnaire. « Parmi les 180 000 militants du parti, souligne-t-il, 78 000 ont pu se réunir et s'exprimer. » Environ 1200 militants ont pris part aux huit congrès régionaux et quelque 1400 congressistes ont été élus. Il parle cependant de deux petites nouveautés, à savoir l'élaboration d'une résolution spéciale sur les questions économiques et sociales et la création de clubs de réflexion qui seront ouverts même à ceux qui ne sont pas militants du parti. M. Ouyahia semble ainsi être confiant quant à sa reconduction à la tête du parti en l'absence surtout d'un conquérant. La place de la femme, indique-t-il, sera renforcée au sein du conseil national à la faveur de ce congrès. Ainsi, selon lui, 60 femmes vont y siéger, soit 25% du nombre total de ses membres, rappelant qu'elles étaient 36 dans le conseil issu du deuxième congrès et 12 dans le premier. M. Ouyahia maintient sa position par rapport à l'augmentation des salaires de la Fonction publique. « Même si aujourd'hui les réserves de change sont d'environ 120 milliards de dollars, augmenter les salaires avec un taux de croissance qui ne suit pas risque de poser des problèmes à l'avenir », avertit-il encore, soulignant que le budget de fonctionnement de l'Etat dépasse actuellement 2000 milliards de dinars. « Si à l'avenir le prix du pétrole baisse, on sera alors confronté à la problématique du payement des salaires des travailleurs », ajoute-t-il. Lorsqu'il était chef du gouvernement en 2006, M. Ouyahia, faut-il le rappeler, a qualifié la revendication des fonctionnaires portant sur les salaires d'injustifiée, arguant que la croissance est tirée plutôt par les exportations en hydrocarbures qui dépendent d'un marché boursier volatil et instable. M. Ouyahia invite ainsi les Algériens à investir dans le travail créateur de richesse. Le SG du RND a également abordé la question du sort des groupes d'autodéfense et de la police communale. Pour lui, il ne faut pas leur faire un statut, mais plutôt les prendre en charge et assurer leur insertion dans les corps de sécurité. En ce qui concerne l'évangélisation en l'Algérie, M. Ouyahia a défendu la politique du gouvernement, précisant que « l'âme d'un peuple se protège » et qu'« il n'est pas permis de faire du prosélytisme en exploitant la pauvreté ». Il a souligné dans ce sillage que la pratique du culte en Algérie est régie par la loi et doit se faire dans la transparence et non dans des hangars et des sous-sols.