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Fin du travail des enfants : Un pari difficile à gagner
Publié dans El Watan le 23 - 06 - 2008

Cela fait plus de 15 années que la communauté internationale se mobilise pour lutter contre le fléau du travail des enfants à travers le monde et cette année, la célébration de la Journée mondiale contre le travail des enfants, qui coïncide avec le 12 juin, a été placée sous le signe de « L'éducation : la bonne réponse au travail des enfants ».
Ainsi, il a été recommandé de mettre l'accent à travers le monde sur la nécessité d'ouvrir l'école à tous pour endiguer le phénomène du travail des enfants. Selon les statistiques du BIT, sur les quelque 218 millions d'enfants âgés de 5 à 17 ans, qui travaillent à travers le monde, environ 126 millions sont affectés à des tâches pénibles et dangereuses dans les pires formes de travail et ils sont des millions à être privés d'accès à l'éducation qui reste le seul moyen capable de leur garantir un meilleur avenir. Cela serait un problème de coût, parce que la pauvreté de leur famille les oblige à aller travailler. Des progrès remarquables ont été réalisés par la communauté internationale dans la lutte contre les pires formes de travail des enfants et pour l'éradication de cette « tare indigne de l'humanité ». A cet effet, l'Organisation internationale du travail (OIT) a pu constater que, depuis 1999, des efforts ont été faits, mais beaucoup reste à faire. Il y a eu notamment :
• la ratification de la Convention 128 par plus 160 Etats membres ;
• l'émergence d'une mobilisation mondiale contre le travail des enfants... la mondialisation ne doit pas reposer sur le travail d'enfants produisant des biens bon marché écoulés dans les magasins des pays riches ;
• la considération par tous que le travail des enfants est une perte inestimable de ressources humaines et un obstacle à la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). En outre, les experts sont unanimes à affirmer que « le travail des enfants, en tant que tel, ne peut être efficacement traité de manière isolée vis-à-vis du contexte général du développement, de l'éducation, de la réduction de la pauvreté et du respect de la loi ». L'OIT affirme qu'actuellement, on enregistre une sorte de consensus à travers le monde sur la nécessité de prendre les mesures suivantes :
• traiter en priorité les pires formes de travail des enfants ;
• venir en aide aux catégories les plus vulnérables, notamment les filles ;
• reconnaître que, si la pauvreté est une cause du travail des enfants, elle n'est pas une excuse pour ne pas agir ;
• inscrire le travail des enfants dans les cadres mondiaux du développement et de la défense des droits de l'homme, notamment l'Education pour tous (EPT). En Algérie, où en sommes-nous en matière de lutte contre le travail des enfants ? Il n'y a pas de statistiques fiables à ce sujet qui demeure encore tabou. Pourtant, la réalité de la vie quotidienne dans nos villes, dans nos campagnes et sur les routes nous interpelle et montre bien de nombreux enfants jeunes errant, mendiant ou vendant des produits alors qu'ils devraient être en classe. Sans parler d'autres encore plus nombreux, exploités dans des ateliers divers, exerçant des activités industrielles ou agricoles dans la clandestinité. Et la loi portant obligation scolaire ne stipule-t-elle pas que la scolarité est obligatoire de 6 à 16 ans révolus ? Il est bien connu que l'un des droits fondamentaux de l'enfant est le droit à une éducation de base complète. Un enfant peut être mal vêtu ou mal nourri à cause de la pauvreté, mais en aucun cas, il ne doit être privé de son droit à l'éducation et à une scolarité de base aussi tardive que possible. C'est vital pour lui, car il va de son avenir pour lequel il doit être bien armé et c'est aussi plus rentable pour ses parents et pour la société. L'éducation et la formation sont les meilleures armes pour combattre et lutter contre le fléau de la pauvreté. Les autorités publiques concernées sont interpellées :
• les parents ont le devoir de scolariser leurs enfants dès l'âge requis (6 ans) et ne doivent pas les retirer de l'école avant les 16 ans révolus pour quelque motif que ce soit, et tout parent défaillant devra être poursuivi par la justice ;
• les autorités scolaires ne doivent en aucun cas renvoyer des enfants non atteints par la limite d'âge réglementaire, pour quelque motif que ce soit et les parents d'enfants, victimes de renvoi abusif, doivent pouvoir user d'un droit de recours auprès d'instances compétentes. Le travail des enfants, c'est l'affaire de tous. C'est un fléau contre lequel tout le monde doit être mobilisé : autorités politiques, autorités administratives, société civile et seules des actions structurées en réseaux et soutenues de façon permanente pourront garantir des résultats. Il faut tout faire pour empêcher les enfants en cas de rupture scolaire de devenir une proie facile tant pour tout type de délinquance que pour les « entrepreneurs » sans scrupule, cherchant à exploiter la misère de ces jeunes sans défense. Pour ce faire, il faut que les autorités agissent de façon coordonnée pour qu'en complément à la scolarité de base obligatoire, on puisse instaurer une prise en charge instantanée de ces jeunes en rupture de scolarité dans un système de formation professionnelle, notamment la formation par apprentissage. L'Etat en a les moyens, il suffit qu'il y ait une bonne volonté de les mettre en synergie !
Notes de renvoi :
• Travail - Magazine de l'Organisation internationale du travail (OIT) - Décembre 2007.
• Informations / Site Internet de l'OIT. Alger - Juin 2008


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