L'énergie et le climat sont devenus des sujets permanents des sommets successifs des pays les plus industrialisés (G8). La hausse des prix du pétrole sera au cœur des débats aujourd'hui et demain à l'île de Hokaïdo, au nord du Japon. « Le monde est confronté à un triple défi : la montée du prix du pétrole, celui des produits alimentaires et un tassement du crédit », a résumé Gordon Brown, Premier ministre britannique, dans un entretien au quotidien de gauche The Guardian. Les experts sont d'accord pour souligner que le prix du baril du brut va demeurer au même niveau de hausse. Que fera le G8 face à cette situation ? Pas grand-chose. La raison en est simple : le G8 est principalement composé de pays consommateurs de pétrole et de gaz. Seule la Russie, membre du groupe depuis dix ans, en fait exception avec les Etats-Unis. Or, la politique d'énergie ne peut être élaborée qu'en présence de tous les pays producteurs. Chose que les concepteurs du G8 ne veulent pas comprendre depuis le lancement de ce forum en 1975. A l'époque déjà, le groupe, composé de six pays, s'était réuni pour la première fois pour aborder la crise pétrolière née après l'embargo de 1973. Il y a comme un retournement de l'histoire. Le groupe tentera une réflexion sur la manière de stabiliser les cours mondiaux. Mais les intérêts ne sont pas les mêmes. Avant de prendre l'avion vers le Japon pour son « premier » G8, le nouveau président russe, Dmitri Medvedev, a conclu un marché stratégique avec le Turkménistan pour l'achat du gaz. « Moscou coupe l'herbe sous le pied de l'Union européenne », a observé l'agence russe Ria Novosti. L'UE, dont les pays les plus importants sont membres du G8, misait gros sur les gisements gaziers turkmènes pour sortir de... la dépendance du gaz russe. La Russie est le principal fournisseur en gaz de l'UE. Le G8 aura beau parler des cours mondiaux d'énergie, Moscou aura toujours quelque chose d'autre à dire. La Russie tente de coordonner ses actions avec le Brésil, l'Inde et la Chine (le groupe BRIC). Ce groupe doit se réunir en marge du sommet du G8. Les Etats- Unis, qui se sont rendu compte visiblement de l'étroitesse de la robe actuelle du G8, ont fait pression pour que la rencontre de Hokaïdo soit ouverte à l'Australie, l'Indonésie et la Corée du Sud, pays connaissant une forte croissance économique, mais qui sont hors G8. La Corée du Sud s'approche à pas sûrs de la place de la septième puissance économique mondiale (elle est à la onzième position actuellement) et commence à menacer directement un pays comme la France. C'est un objectif fixé par le président Lee Myung-bak qui recevra, début août 2008, son homologue américain George W. Bush. Séoul, qui est membre du forum Coopération économique Asie Pacifique (APEC), est un allié de Washington en Irak. L'Indonésie, qui est le plus grand pays musulman, a un produit intérieur brut (PIB) qui avoisine les 270 milliards de dollars, faisant d'elle une puissance émergente. D'ailleurs l'Indonésie est l'un des cinq Tigres asiatiques désignant les nouveaux pays exportateurs (NPE). La Malaisie, la Thaïlande, les Philippines et Bruneï font partie de ce groupe à l'influence grandissante. Le président français a, lui, estimé nécessaire d'élargir le G8 aux pays émergents tels que la Chine, l'Inde, l'Afrique du Sud et le Mexique. La Chine est presque devenue la troisième économie mondiale après les Etats-Unis et le Japon, déclassant l'Allemagne. L'Inde et la Chine sont également de grands pollueurs. Aucune politique sérieuse sur le climat ne pourra se faire sans leur présence. Nicolas Sarkozy, qui a réalisé que le G8 ne fait presque plus tourner seul l'économie du monde, entend s'engager sur un autre terrain. Il entend proposer au G8 d'encourager la transparence sur le marché pétrolier en demandant aux Etats producteurs de révéler leurs réserves et aux consommateurs de dévoiler leurs stocks. Toute la question est de savoir quel ressort possède le G8 pour faire une telle demande. Un G8 qui a invité un nombre record de pays, dont l'Algérie et le Nigeria, pour assister à son sommet. C'est probablement le signe évident que ce groupe, qui agglomère « les démocraties industrielles », a bel et bien atteint ses limites. Pour rappel, le G8 est composé de l'Allemagne, de la Grande-Bretagne, du Canada, des Etats-Unis, du Japon, de la France, de l'Italie et de la Russie.