Le chef du parti islamiste au pouvoir en Tunisie Rached Ghannouchi s'est dit favorable à la composition d'un gouvernement élargi pour diriger la Tunisie jusqu'aux prochaines élections, alors que l'opposition réclame la formation d'un nouveau cabinet. "Il serait productif d'élargir le consensus en associant des formations pro-révolution comme le Parti Républicain (nldr, centriste) avec lequel nous avons commencé à dialoguer", a-t-il déclaré jeudi soir sur la chaîne Tunisian World TV (TWT). "Le Parti Républicain est un allié potentiel", a dit M. Ghannouchi, dont le parti dirige la Tunisie depuis les élections d'octobre 2011 avec deux partis de centre gauche, le Congrès pour la République et Ettakatol Le Parti Républicain est l'une des principales formations de l'opposition à l'Assemblée nationale constituante, dirigée par Ahmed Nejib Chebbi, une figure emblématique de l'opposition sous le règne du président déchu Ben Ali. A la question de savoir si son parti était prêt à céder des ministères clés au profit de futurs nouveaux alliés, M. Ghannouchi a indiqué que tout était "négociable". "Par le dialogue on peut arriver à tout, les ministères de souveraineté ne constituent pas une ligne rouge pour Ennahda", a-t-il affirmé, alors que l'opposition réclame la désignation de personnalités "indépendantes" à la tête de l'Intérieur, de la Justice et des Affaires étrangères notamment. "La voie est ouverte à tout ce qui peut servir les objectifs de la révolution", a lâché le chef du parti islamiste connu pour avoir une forte influence sur le gouvernement. Il a en revanche exclu tout dialogue avec l'ancien Premier ministre Béji Caïd Essebsi, fondateur du parti Nidaa Tounès (l'Appel de la Tunisie) qui se pose en alternative aux islamistes à Ennahda et gagne en popularité. Les déclarations de M. Ghannouchi interviennent dans un contexte de tensions. L'opposition exige la formation d'un nouveau cabinet avant le 23 octobre, date marquant le passage d'un an après l'élection de l'Assemblée constituante en 2011. Cette Assemblée chargée de rédiger une nouvelle constitution post-révolution dans un délai d'un an a pris du retard faute de compromis sur la nature du régime et la composition d'institutions républicaines. Le gouvernement composé de membres du parti islamiste Ennahda pour près de la moitié de ses membres est accusé d'incompétance, de dérive autoritaire et d'échec sur les fronts sécuritaire, économique et social.