« Le secteur de la pêche et des ressources halieutiques est dans une situation catastrophique ». Tel a été le constat fait par M. Hocine Belout, président du Comité national des marins-pêcheurs lors d'une conférence de presse tenue hier au siège de l'Union nationale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). Le conférencier a appelé à ce que la direction de la pêche ainsi que l'Entreprise de gestion des ports de pêche (EGPP), dépendant du ministère des Transports depuis 2006, soient transférées au ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques. Selon lui, le transfert en question permettra une bonne gestion des deux institutions par des professionnels du secteur. Cela permettra aussi de renforcer la sécurité dans les ports souvent sujets à des vols. Il citera comme exemple le dernier cambriolage dont a fait l'objet dernièrement le port de Stora à Skikda où plusieurs matériaux de pêche et d'outils de communication ont disparu. Il sera également question d'équiper les ports de centres de soins et de foyers équipés, l'installation de charpentiers et de soudeurs pour l'entretien des embarcations. M. Belout a déploré l'absence d'une coordination avec la tutelle pour mettre fin au phénomène de vente des postes acquis (bateaux en rade). Evoquant le prix excessif de la sardine, le même responsable a précisé que la majorité des spéculateurs exercent sans registres de commerce. « La sardine est commercialisée de manière illicite et son prix est 5 fois plus cher que celui pratiqué dans les ports ou les comptoirs légaux », dira-t-il. S'ajoute à cela la concurrence déloyale étant donné que plusieurs commerçants font du trafic et importent la sardine de Tunisie pour la proposer sur les étals algériens. Le taux de salinité très élevé et le non-respect de la période de repos biologique, sont autant de problèmes liés au manque de production. Selon lui, il est urgent d'appliquer les sanctions contre les pêcheurs qui ne respectent pas cette période. Il a également appelé à l'interdiction de pêcher à la dynamite et à la lutte contre la pollution, en particulier le jet des fûts d'huile en mer. Selon M. Belout, l'Algérie compte 194 espèces de poissons et 600 sortes d'algues marines qui ne sont même pas exploitées. Il a souligné, qu'en moyenne, l'Algérien consomme 6kg de poisson par an contre 10 kg par an pour les Marocains, 8 kg pour les Tunisiens et 80 kg pour les Japonais. Actuellement, la pêche de la sardine est inférieure à 73 000 tonnes par an. Selon les estimations du spécialiste, cela ne suffit pas à couvrir la demande. Concernant la pêche du corail, M. Belout a tiré la sonnette d'alarme. Il a avancé que durant la période s'étalant de 2000 à 2012, les services de sécurité ont saisi 1000 tonnes de corail destinées à la contrebande par des Italiens en complicité avec 5 Algériens qui comptaient l'écouler pour la somme de 1200 euros le kg. Pour ce qui est de la pêche au thon, le même responsable a déploré que celle-ci est dominée par des puissances d'outre-mer. Selon lui, le thon est détourné d'autant que l'Algérie n'a pas de Thoniers dont le coût est excessif, 72 milliards. Il a ainsi révélé que des pièces de 900 kg sont pêchées clandestinement dans le bassin méditerranéen (Espagne). « Sa technique de pêche est très pointue et nécessite une équipe de professionnels », dira-t-il. « Chose qui n'existe pas encore en Algérie », a-t-il ajouté. Cela étant, M. Belout a averti que si les revendications du Comité national des marins-pêcheurs ne sont pas prises en considération, une grève regroupant les 5200 marins exerçant au niveau des 31 ports de pêche recensés à l'échelle nationale, sera observée près du ministère des Transports après les prochaines élections législatives.