En été comme en hiver, beaucoup de personnes âgées, des hommes en général, s'adonnent à la collecte du pain rassis. A pied ou à dos d'âne, ils sillonnent quartier par quartier pour ramasser cette denrée. Tôt le matin, ils entament leur journée en faisant le porte-à-porte dans les cités. Pour d'autres, la collecte de pain se fait à la criée. A les entendre « khobz yabes, khobz yabes » (pain sec), plusieurs fenêtres s'ouvrent en même temps. Des mains s'agitent pour attirer l'attention du ramasseur de pain qui le récupère pour le cacher soigneusement dans un sac accroché au dos de l'animal. Pour leur faciliter la tâche, certains habitants ont installé des bacs pour y mettre le pain rassis. Comme c'est le cas à la cité Sidar de Ouled Fayet. A l'entrée du quartier, dans un endroit retiré, un bac vert est destiné aux ordures. Un peu plus loin, un autre bac de couleur noire est destiné au pain rassis. De la sorte, les habitants peuvent y déposer leur pain. De passage deux fois par semaine par ladite cité, le ramasseur se dirige méthodiquement vers le bac noir pour récupérer le pain sans avoir recours au tri et sans déranger les locataires. Les quantités amassées sont très importantes. Elles sont revendues, par la suite, aux propriétaires des écuries qui se trouvent au niveau de cette localité. Le pain rassis sera ainsi destiné à nourrir les chevaux. De même à Aïn Benian, à la Madrague, ce sont quelques magasins d'alimentation générale qui ont réservé des corbeilles pour la collecte de pain rassis. On les trouve juste à l'entrée de ces artères commerciales. Cela permet aux habitants du quartier de poser leur pain « sec ». Une méthode hygiénique qui permet de ne pas jeter le pain. C'est devenu une technique de récupération de pain qui est, dans la majorité des cas, jeté négligemment. Tous ces chargements amassés sont vendus directement aux marchands de volaille et autres propriétaires de cheptel ovin. Les revendeurs se transforment en quelque sorte en « grossistes » de pain sec. Le prix d'un sac d'une vingtaine de kilos oscille entre 150 et 170 DA. Ce qui permet aux ramasseurs, les plus débrouillards, de faire une recette journalière allant jusqu'à 700 DA. Une activité qui est devenue au fil des jours, un véritable gagne-pain. L'achat excessif du pain et la quantité importante jetée quotidiennement sont à l'origine de l'apparition de l'activité de collecte du pain rassis.