Au sortir du sommet libyen, pompeusement dédié à la bataille d'El Qods, la Ligue arabe de la décadence historique, en mal de réformes salvatrices, se consumait dans l'arabo-pessimisme révélateur du profond décalage entre le sentiment populaire exacerbé par les frustrations accumulées et l'inadéquation avec un appareil sclérosé et paralytique. La Ligue du Caire, assimilée à une annexe du ministère des Affaires étrangères égyptien, se perdait en conjectures et en débats stériles privilégiant les querelles de leadership et les schismes ravageurs qui profitent à la consécration de l'hégémonie impérialo-sioniste. Le mal arabe, manifestement exprimé lors de la première et de la deuxième guerre d'invasion irakienne, s'est traduit par la participation hérétique de certains pays arabes au processus de dépeçage d'un autre pays arabe dont on peut aujourd'hui mesurer les conséquences désastreuses sur la stabilité régionale et le devenir collectif. Les germes de la division reproduisent, en temps de GMO, à alibi démocratique et humanitaire, le scénario du chaos généralisé fondé sur les antagonismes confessionnels et communautaires à l'œuvre en Irak, en Palestine et au Liban. L'ordre impérial se nourrit du désordre arabe mûrement planifié. Il se développe davantage à la faveur des divisions entretenues dans un corps malade de déchirement et faussement rangé en «radicaux» et en «modérés» dans le registre de la légitimation impérialo-sioniste, si les braises du confessionnalisme, opposant le chiisme au sunisme, ne venaient à manquer de ressources incendiaires. L'état d'inertie et de décomposition se reflète dans le recours aux condamnations verbeuses et le silence outrageant qui a accompagné l'expédition punitive de Gaza assiégé et à la judaïsation de Jérusalem annexé par la force de violation de la légalité internationale. A Gaza, privé d'aide humanitaire, il est frustrant que l'initiative humanitaire provienne de la société civile européenne, notamment turque, algérienne et américaine, rassemblée dans ce combat des valeurs et de la dignité humaine autour du drame palestinien. Le sang de la centaine des humanitaires a consolidé une solidarité concrète et précieuse. Au Caire, consentant une condamnation de «l'usage disproportionné de la force» et décidant en définitive de l'ouverture du terminal de Rafah plombé par la muraille en acier, les ambassadeurs, et, à l'initiative du Qatar, les ministres des Affaires étrangères sont en conclave pour dégager «une riposte collective». Le constat de l'inamovible Amr Moussa est sans appel pour dénoncer, en termes forts, le message israélien signifiant le refus de la paix. De Damas, «des mesures concrètes» sont aussi exigées des instances onusiennes par Saâd Hariri et Bachar El Assad désormais unis par le destin commun menacé par le bellicisme et l'expansionnisme de l'ennemi commun. A quand une solidarité concrète arabe préalablement inscrite dans la levée du blocus de Gaza ?