Les 5 (Libye, Egypte, Qatar, Yémen, Irak) du Conseil des ministres des Affaires étrangères ont convenu, à Tripoli, de donner un nouvel élan au processus de transformation de la Ligue arabe appelée désormais à se fondre dans une Union des Etats arabes chère au président en exercice du sommet arabe, Mouammar El Kadhafi. Ce pas en avant concrétise une revendication légitimement appuyée, depuis le sommet d'Alger et de Tunisie, par l'Algérie pleinement convaincue de l'urgence des réformes souverainement consenties pour barrer la route au projet impérial du Grand Moyen-Orient de sinistre projection. La remise en ordre, imposé par l'état de déliquescence d'un appareil déficitaire, historiquement dépassé et érigé en « annexe » du ministère égyptien des Affaires étrangères, incitait objectivement à la refonte des mécanismes de prise de décision et de suivi des recommandations du sommet, la mise en place de l'instance parlementaire, les modalités de changement du secrétariat soumises à la loi de la rotation géographique…Certes, Tripoli a concrétisé une démarche salvatrice. Elle a donné corps et forme à la proposition yéménite profondément acquise à des « changements structurels » en opposition aux partisans d'une évolution graduelle. Sous la présidence libyenne, le conseil des 5 a été amené ainsi à débattre de la plateforme commune qui sera présentée au sommet extraordinaire de septembre prochain.La locomotive des réformes est lancée. Elle s'appuie sur la fondation de la ligue des Etats arabes. A l'ouverture des travaux, le secrétaire libyen des Relations extérieures et de la coopération internationale, Moussa Koussa, a souligné l'importance de la restructuration de la ligue et de la nécessité de faire face aux défis de la mondialisation. Tout comme en Afrique, en Asie, en Amérique latine et les Caraïbes, le monde arabe, en retard des réformes, s'implique enfin dans la quête unitaire qui, loin de satisfaire uniquement de l'institution des zones de libre échange, se veut un projet fédérateur. Le défi des regroupements régionaux se présente en exigence fondamentale. Il est ainsi prévu la dotation d'organes centraux à compétences élargies. Telle l'Autorité unique, un conseil exécutif supérieur, un conseil judiciaire et des conseils sectoriels (finances, investissement, économie et commerce, énergie, affaires étrangères, défense, sécurité...). Dans la déclaration finale, les 5 du Conseil des Affaires étrangères ont décidé de la tenue de deux sommets annuels (ordinaires et consultatif) pour consolider l'approche unitaire, l'approfondissement du débat sur des thèmes majeurs (un Conseil des ministres de l'Economie est prévu) et le renforcement du Conseil de la paix et de la sécurité (augmentation du nombre de ses membres sur la base du critère géographique et élargissement de ses attributions.) Près de deux décennies de maturation, l'Union des Etats arabes prend le relais de la ligue désuète et léthargique. Le grand rendez-vous avec les réformes, par delà les réticences des héritiers de la rente historique, reste intimement lié à la démocratisation d'un espace commun et l'entrée en force dans le siècle de la mondialisation impitoyable avec les retardataires de l'histoire.