Après une première mandature de 2006 à 2010, Mme Bachelet a été, une nouvelle fois, élue présidente du Chili au terme d'un scrutin marqué par une forte abstention. Reculer pour mieux sauter, dit un célèbre adage. Une sagesse dont s'est manifestement inspirée la nouvelle et ex-présidente du Chili, Michelle Bachelet. Elle revient à la tête du pays, après sa victoire, haut la main, dimanche soir, à l'élection présidentielle. Après avoir marqué l'histoire de l'Amérique latine, en devenant la première femme politique ayant occupé la suprême fonction de 2006 à 2010, la dame de fer chilienne, bien qu'elle se revendique du centre gauche, remet ça, en laissant sur le gril sa concurrente au titre, Evellyn Matthei, chef de file du parti de droite la Alianza. La forte abstention qui a marqué ce scrutin (plus de 13,5 millions d'électeurs sur une population de 16 millions) ne l'a pas empêchée de se faire élire : plus de 62% des voix contre près de 37% pour sa rivale, selon les premiers résultats partiels portant sur plus de 56% des bureaux de vote. Signe d'une popularité dont elle ne s'est jamais départie, qui lui permet de succéder, sans coup férir, à l'actuel président Sebastian Pinera. Une confiance qu'elle entend renforcer autour de son programme politique dont elle a dressé aussitôt les grandes lignes. Au soir de sa victoire, Mme Bachelet a promis des « changements de fond » qui ne « seront pas faciles » durant les premiers 100 jours de sa seconde mandature. « Le Chili s'est regardé lui-même, sa trajectoire, son passé récent, ses blessures, ses gestes, le travail encore à faire. Et il a décidé qu'il était temps de mener des changements de fond », a-t-elle déclaré devant des milliers de ses partisans à Santiago. Socialiste convaincue, cette presque antithèse de Margaret Thatcher, qui a envoûté le monde tant par son charisme que par son sens inné de la politique, se pose, une nouvelle fois, comme le « sauveur » d'un pays en proie à une crise économique qui s'est traduite par une augmentation en flèche du chômage. Michelle Bachelet, médecin âgée de 62 ans, insiste sur l'urgence à construire un « Chili plus juste » et d'en « finir avec les inégalités ». « Plus jamais une minorité ne fera taire la majorité », a-t-elle martelé.