Forte de ses succès militaires contre les jihadistes et l'opposition armée, et jouissant d'un solide soutien russo-irano-chinois, Damas organise, en pleine crise, la première élection pluraliste de son histoire C'est un défi monstre et une réalisation de taille que les Syriens ont accomplie hier en allant voter à la première élection pluraliste que le pays n'ait jamais connue jusqu'ici. Plus de 15 millions d'électeurs étaient attendus aux urnes, pour porter, une nouvelle fois, le président sortant, Bachar al-Assad à la tête du pays, de l'avis de plusieurs observateurs. Accompagné de sa femme, al-Assad a voté dans le centre de Damas, au même titre que ses deux rivaux, Hassan al-Nouri et Maher al-Hajja. Le vote qui été supervisé par des observateurs iraniens, russes, chinois, les principaux alliés de l'Etat syrien, devait s'achever en fin d'après-midi. Aucune indication n'a été donnée sur la date des résultats. Pour les autorités syriennes, il s'agit d'une victoire sans nuance contre le terrorisme et les « ennemis » de la Syrie œuvrant sous l'égide occidentale. Dans une manifeste démonstration de force, le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, a rappelé que la solution politique à la crise en Syrie « commence aujourd'hui en votant à Damas pour le scrutin présidentiel ». Lors des pourparlers de Genève 2, avec la Coalition de l'opposition établie en Turquie, le chef de la diplomatie avait appelé à une solution politique devant émaner de l'intérieur du pays et non pas de l'extérieur. « La sécurité commence à être rétablie en Syrie en vue de la reconstruction et la réconciliation. La solution politique à la crise syrienne commence aujourd'hui », a-t-il déclaré qualifiant de « démocratique » et de « transparente » le scrutin dénoncé par l'opposition en exil et ses alliés occidentaux. La conseillère politique et médiatique à la présidence de la république, Boutheyna Chaabane, a souligné que « la présidentielle est une poursuite du défi imposé au peuple syrien » précisant que « certaines parties de l'opposition espèrent regagner la Syrie ». Mme Chaabane exclut un troisième round des négociations de Genève avec une opposition qu'elle a qualifiée de « dispersée ». Hassan al-Nouri, un des deux candidats, a remarqué qu'« une étape nouvelle » a commencé, celle de la victoire sur le terrorisme et la guerre universelle livrée à la Syrie. « La Syrie d'après les élections serait un pays renouvelé et de pluralisme politique et démocratique qui accepte l'avis et l'autre », s'est-il vanté. Dans le camp adverse, l'opposant « historique » Michel Kilo a fait savoir que l'opposition syrienne attend désormais « la réponse du monde » face à la « victoire annoncée » de Bachar al-Assad mais aussi « face au terrorisme qui menace directement les pays occidentaux ». « Nous luttons contre les terroristes de l'Etat islamique en Irak et au Levant depuis six mois, et ces terroristes sont plus forts que nous. Nous n'avons pas les forces nécessaires, l'armée syrienne libre n'est pas bien organisée et sans commandement uni, elle ne peut pas mener de front deux guerres, l'une contre les terroristes et l'autre contre le régime », a-t-il reconnu en appelant une nouvelle fois, les alliés occidentaux à armer les troupes de l'opposition sur le terrain.