Elles étaient une trentaine d'associations activant dans différents domaines de la vie sociale à prendre part à une rencontre de consultation et de discussion autour du projet de révision de la Constitution. Initiée par six associations (Ligue algérienne des droits de l'Homme, Adwa Rights, Anaj, Etoile d'Akbou, Sidi El Houari et le Réseau Nada), la réunion fait suite à une série de rencontres déjà tenues par le mouvement associatif pour formuler et présenter des propositions de nature à enrichir le projet de révision de la Constitution. « Cette rencontre permet au mouvement associatif de discuter et d'enrichir le projet de révision de la Constitution par des recommandations sur plusieurs thèmes principalement les droits individuels et collectifs, notamment de la femme », explique Abderrahmane Arar, président du Réseau Nada pour la protection de l'enfant. « La place de la société civile dans la gouvernance est aussi au centre de nos interrogations », ajoute-t-il. Le président de Nada a proposé la révision de l'article 58 qui « évoque seulement les enfants abandonnés, contrairement aux conventions et textes ratifiés par l'Algérie ». Il a plaidé également pour la modification de l'article 46 relatif à la garde à vue des mineurs. « Il est contraire à l'amendement du code pénal d'avril 2014. Nous avons proposé une autre forme », souligne-t-il. La révision de la Constitution est pour Noureddine Benbraham, commandant des Scouts musulmans algériens et président d'Adwa Rights, « une occasion d'enrichir et de conforter le rôle de la société civile dans la gouvernance. Un droit qui permettra de crédibiliser la Constitution », soutient-il. Un rôle à conforter Mohamed Guemmama, coordinateur central de l'association de jeunes Green Tea, qui active dans la lutte contre le sida et les drogues à Tamanrasset, a, pour sa part, expliqué sa participation par le souci « de faire du mouvement associatif un partenaire dans la prise de décisions politiques et sociales et la promotion du développement local ». Il a proposé de compléter l'article 43 qui stipule que « l'Etat encourage le mouvement associatif ». Nous voulons que le mouvement associatif soit un acteur actif », dira-t-il. La révision de la Constitution pour Saïd Salhi, de la Ligue algérienne des droits de l'Homme, doit « être radicale et nous demandons un texte qui permette à tous les Algériens de vivre dans le respect de leur identité et de leur culture. Nous avons présenté une Constitution cadre en 2011 et nous présenterons nos propositions le 24 de ce mois à la Présidence de la République », révèle-t-il. Un conseiller juridique convié à cette rencontre, Me Benmheni, a évoqué les différentes Constitutions promulguées depuis 1963 et les dernières révisions, notamment celle de 2002 qui a constitutionnalisé tamazight. Il évoque aussi les amendements de 2008 et met en évidence le caractère positif du projet de révision. « L'introduction d'articles relatifs à la lutte contre les fléaux sociaux et la corruption (art. 8) et de celui interdisant de mettre à profit son mandat d'élu dans une institution (art. 21) ne peut qu'être bénéfique dans la gestion des affaires de l'Etat ». « L'un et l'autre constituent un jalon pour asseoir la démocratie ». Toutefois, l'intervenant insistera sur la nécessité de préserver cette Constitution de révisions futures pour lui assurer une durabilité. Me Benmheni aborde l'exemple de la Turquie où l'armée est « le garant de la pérennité de la Constitution et de la laïcité ». Les avis et les propositions émis par les participants seront soumis à la Présidence de la République.