Si la vie et l'œuvre des auteurs classiques de l'âge d'or de la littérature algérienne d'expression française, Kateb Yacine, Mohamed Dib, Malek Haddad, Assia Djebar, Mouloud Feraoun... ne sont plus, aujourd'hui, à présenter, leurs successeurs, par contre, n'ont pas eu droit, sinon très peu, au même intérêt biographique. Il est bien vrai que des biographes, pionniers dans le genre, chez nous, tels que le journaliste écrivain Achour Cheurfi, ont ouvert grandes les portes à cette spécialité, tardivement débarquée sur la scène éditoriale du pays, en nous apprenant un peu plus sur ces femmes et hommes de génie. Mais force est de reconnaître un certain déficit en la matière, notamment en matière de biographies spécialisées, qui tiennent une place fondamentale dans la production romanesque dans le monde. C'est dans ce contexte que l'on pense inscrire le nouvel ouvrage, Dictionnaire des écrivains algériens de langue française (1990-2010) rédigé par des enseignants et chercheurs algériens spécialisés dans la littérature, sous la direction d'Amina Azza Bekkat, professeur à l'Université de Blida. Fraîchement paru aux éditions Chihab, ce dictionnaire encyclopédique a le mérite premier de la spécificité (faire connaître aux amoureux des lettres un bon panel de nouveaux auteurs) bien qu'il n'offre pas l'exhaustivité souhaitée pour mille et une raisons, le manque de références entre autres, comme le souligne Mme Azza Bekkat. Il prend pour cible, à travers des notices didactiques organisées par ordre alphabétique, une soixantaine d'écrivains, poètes et romanciers, qui ont opté pour le français comme langue d'écriture. « Dans l'ombre des grandes plumes, il y a une effervescence de nouveaux écrivains. Certains sont à leur première œuvre soit parce qu'ils sont jeunes encore, soit parce que la fin d'une activité professionnelle leur donne, enfin, le temps pour écrire et créer » souligne la directrice de cet essai préfacé par Charles Bonn, grand spécialiste de la littérature maghrébine, ayant enseigné de 1969 à 1975 à l'Université de Constantine. La tranche temporelle choisie, 1990-2010, pour mettre en avant les acteurs premiers de la scène littéraire, est à dessein. Il s'agit, selon Mme Azza Bekkat, d'un panorama qui témoigne de « l'extraordinaire vitalité » de la production romanesque algérienne durant ces deux décades. Années décisives, souligne-t-elle, qui « n'ont, cependant, pas tari la créativité et l'ont même conduite à se renouveler. « Il faut rétablir les vérités historiques, témoigner pour une nation meurtrie par des années de terrorisme où pour une catégorie de citoyens (...) dont la parole ne nous parvient que de façon sporadique et étouffée et dont nous nous désintéressons » professe l'universitaire. Techniquement, l'accent a été mis sur le style de l'écriture des auteurs avec, en guise d'accompagnement, une bibliographie aussi complète que possible. Destiné aux amoureux des belles lettres désirant « s'informer sur un texte ou découvrir un auteur » mais aussi aux étudiants « concernés par la rédaction d'un mémoire ou d'une thèse », cet essai encyclopédique a pour objectif d'inciter tout ce beau monde à la découverte d'une littérature « pleine de promesses ».