Ces derniers temps, sur les réseaux sociaux, on ne parle que du boycott de la sardine annoncé par l'Association de protection et d'orientation des consommateurs et de l'environnement (Apoce) pour le 15 avril. Des différentes wilayas du pays, Oran et Guelma, entre autres, les « facebookers » se disent pour le boycott qui, pour eux, vient à point nommé après la hausse du prix du poisson qui a atteint les 800 DA. C'est sur la demande des consommateurs que l'Apoce a décidé de lancer cette campagne d'une semaine. Une opération qui sera renouvelée si les initiateurs le jugent nécessaire. « Après le succès de la journée nationale sans achat, des consommateurs nous ont sollicités pour boycotter certains produits dont les prix connaissent une flambée aussi vertigineuse que soudaine. C'est le cas de la sardine », explique le président de l'Apoce, Mustapha Zebdi. Il a tenu à souligner, dans un communiqué de presse, que cette campagne n'est pas destinée à l'ensemble des consommateurs algériens puisque, selon une étude de l'Apoce, plus de 80% des citoyens n'ont pas consommé de poisson, y compris la sardine, depuis deux ans. En fait, le boycott s'adresse surtout aux citoyens aisés. « Les citoyens aux moyens limités boycottent déjà le poisson d'une façon spontanée et depuis longtemps. Mais pour ce qui est de la classe aisée, si elle accepte de prendre part à cette protestation, elle fera acte de solidarité envers les citoyens qui n'ont pas goûté à ce produit depuis longtemps », dit-il, en indiquant que les restaurateurs sont appelés aussi à participer en supprimant de leurs menus les plats à base de poisson. UGCAA : Ce n'est pas la faute des poissonniers Chose que l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) approuve, expliquant que les restaurateurs de même que les commerçants sont affectés par la hausse des prix du poisson. Son porte-parole, Hadj-Tahar Boulenouar, a fait savoir, à ce propos, qu'il est difficile aux commerçants de poisson de vendre leurs produits quand il y a hausse des prix. « Le poisson doit être vendu le jour même et le matin. Or, quand il y a hausse des prix, les consommateurs le boudent, et par conséquent, les commerçants perdent de l'argent. De même que les restaurateurs qui ont du mal à vendre une assiette de sardine à 500 DA alors que quelques jours auparavant, elle ne dépassait pas les 200 DA », souligne-t-il, saluant cette campagne de boycott à condition qu'elle ne pointe pas du doigt les commerçants. Car pour lui, ces derniers n'ont rien à voir avec cette inflation. La preuve, 10% des poissonniers ont opté, récemment, pour un changement d'activité. Ce sont les intermédiaires qui sont, selon lui, derrière cette hausse, prenant des marges bénéficiaires faramineuses. Il cite également l'offre qui est inférieure à la demande ainsi que le non-aboutissement des projets d'aquaculture qui nécessitent du temps. L'Apoce, qui a fait le tour de plusieurs marchés de poisson, dira que la hausse des prix est une conséquence de la baisse de l'offre. Le président de cette association confie, par ailleurs, que ce boycott est aussi destiné à attirer l'attention des pouvoirs publics. « Il s'agit d'interpeller les pouvoirs publics sur la pollution marine, l'utilisation de la dynamite, la contrebande et ceux qui monopolisent le marché au détriment des petits pêcheurs, dont les sardiniers », relève-t-il. Mais le représentant de l'association des pêcheurs d'Alger, Mohamed Abdeslam, a assuré qu'il n'y a pas de pénurie de sardine mais des difficultés à le pêcher. « La sardine reste dans le fond quand la température de l'eau de surface est très basse. C'était le cas ces derniers temps avec les mauvaises conditions climatiques. A partir de ce mois-ci, l'eau sera plus chaude et il sera plus facile d'attirer la sardine vers les eaux de surface », affirme-t-il, assurant que le prix de la sardine baissera sensiblement au cours de ce mois jusqu'à atteindre les 100 DA/kg. Mais pour les autres espèces de poisson, la problématique des prix demeurera, d'où l'appel de l'Apoce au boycott.