Benyamin Netanyahu va-t-il réussir à diviser l'esplanade de la Mosquée Al-Aqsa : le matin pour les juifs, l'après-midi pour les musulmans, avant de « judaïser » le troisième lieu saint de l'Islam ? Appuyées par des responsables et des colons, les forces d'occupation israéliennes ont poursuivi hier, pour la troisième journée consécutive, leurs incursions dans la mosquée Al-Aqsa dans la vieille ville d'El Qods. Outre les dégâts qu'elles ont provoqués, les forces de sécurité se sont prises aux Palestiniens retranchés dans la mosquée en signe de protestation contre les visites des juifs sur l'esplanade et la détermination du gouvernement occupant à « modifier » le statu quo hérité de juin 1967, même si celui-ci assure ne pas vouloir y toucher. Selon le Croissant-Rouge, 26 Palestiniens ont été blessés, dont deux hospitalisés. « La police, qui a tiré sur des fidèles avec des bombes lacrymogènes et des grenades assourdissantes, a pris d'assaut la mosquée Al-Aqsa. Elle est arrivée jusqu'au pied de la chaire de Salaheddine, avant de ressortir face à la résistance qu'ils ont rencontrée à l'intérieur », affirme Firas al-Dibs, porte-parole du Waqf, l'organisation dépendant de la Jordanie qui gère le lieu saint. Cet « assaut » est « une première », dit-il. Lundi dernier, sept fidèles ont été arrêtés par des éléments des unités spéciales israéliennes qui ont expulsé, une première, la garde jordanienne positionnée sur l'esplanade des Mosquées et arrêté le directeur de la mosquée. Le président Mahmoud Abbas a dénoncé cet « acte terroriste ». Il a appelé « le monde arabe et musulman, ainsi que la communauté internationale à s'atteler immédiatement à faire pression sur Israël pour qu'il cesse ses tentatives perpétuelles de judaïser la mosquée Al-Aqsa ». Le roi Abdallah II de Jordanie met en garde Israël contre toute « nouvelle provocation ». « Toute nouvelle provocation affectera la relation » entre les deux Etats, dit-il à l'issue d'un entretien avec le Premier ministre britannique, David Cameron. « La Jordanie, qui est le seul Etat arabe avec l'Egypte à avoir signé avec Israël un traité de paix, conclu il y a vingt ans, n'aura pas d'autre choix que de prendre des mesures, malheureusement »,dit-il. Cette menace du Royaume hachémite, gardien de l'esplanade des Mosquées, selon le statu quo de 1967, n'est pas nouvelle. En novembre 2014, il a rappelé son ambassadeur durant trois mois pour protester contre l'incursion de la police israélienne dans la mosquée Al-Aqsa et la fermeture pour une journée du lieu saint. Les Américains demandent aux Palestiniens, Jordaniens et Israéliens d' « éviter toute provocation » pour « préserver le statu quo inchangé et historique » sur l'esplanade. Ban Ki-moon, le patron de l'ONU, est lui aussi « inquiet ». Jusqu'où ira le gouvernement israélien ? La direction palestinienne, réunie à Ramallah en Cisjordanie, a dénoncé « les tentatives israéliennes d'imposer une division géographique et temporelle d'Al-Aqsa », un plan « terroriste » qui « ne sera accepté sous aucune condition ». Quant au Hamas, il met en garde Israël contre « une explosion totale ».