Après la Russie qui a multiplié ses bombardements depuis quelques jours, l'organisation aujourd'hui d'un vote au Parlement britannique sur des frappes aériennes contre Daech, l'Allemagne s'implique dans ces efforts. Elle a validé, hier, en Conseil des ministres l'intervention de son armée dans la lutte contre le groupe terroriste en Syrie. La mission dont le coût a été estimé à 134 millions d'euros pourra mobiliser jusqu'à 1.200 militaires. Berlin avait annoncé, dans le sillage des attentats de Paris, qu'elle déploierait une frégate et fournirait des avions de reconnaissance et de ravitaillement pour appuyer les bombardements de la coalition internationale visant des objectifs djihadistes. Ce mandat renouvelable couvrant l'ensemble de l'année 2016 doit encore être approuvé par le Bundestag (Chambre basse du Parlement), a priori une formalité compte tenu de la large majorité dont dispose la chancelière Angela Merkel avec sa coalition réunissant son parti chrétien-démocrate et les sociaux-démocrates du SPD. Berlin n'a cependant pas annoncé combien d'avions de reconnaissance ni d'appareils de ravitaillement seront déployés, ni même quelle frégate assurera la protection du porte-avions français Charles-de-Gaulle. Le gouvernement n'a pas non plus précisé où et comment seront réparties les troupes. L'Allemagne, longtemps réticente à une intervention militaire en Syrie, avait annoncé la semaine dernière son accord de principe pour une telle mission afin de venir en aide à la France. Le sujet des missions de l'armée allemande sur des terrains extérieurs est traditionnellement très sensible dans le pays compte tenu de son passé. L'Allemagne est déjà actuellement indirectement impliquée dans la lutte contre Daech. Une centaine d'hommes sont déjà présents dans le nord de l'Irak pour former et équiper les combattants kurdes. Cette assistance militaire, décidée en réponse à une demande de la France après les attaques du 13 novembre, pourrait constituer la mission allemande la plus importante en cours à l'étranger, devant le petit millier de soldats déployé en Afghanistan. Obama sera-t-il entendu ? Durant la même journée, le président américain Barack Obama a appelé, à Paris, la Turquie et la Russie à se concentrer sur « l'ennemi commun », Daech, à l'issue d'une rencontre avec le président turc Recep Tayyip Erdogan. « Nous avons parlé de la manière dont la Turquie et la Russie pourraient travailler à réduire les tensions », a affirmé Obama. « Comme je l'ai dit à Erdogan, nous avons tous un ennemi commun, et c'est Daech, et je veux être certain que nous nous concentrons sur cette menace », a-t-il indiqué. La tâche paraît toutefois difficile. Les relations entre les deux pays ne semblent pas connaître une décrispation. Hier, le Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, a appelé la Russie à rétablir le dialogue avec son gouvernement plutôt que de continuer à lancer des « accusations sans fondement » sur l'achat par Ankara de pétrole produit par les terroristes. « Nous devrions discuter de ce que nous pourrions faire », a estimé Davutoglu devant la presse avant une visite à Chypre Nord. Ces dissensions entre Moscou et Ankara ne sont pas la seule entrave à la constitution d'une coalition internationale qui peine à se mettre en place.