La tentative de coup d'Etat avortée en Turquie a, encore une fois, envenimé les relations déjà tendues entre Washington et Ankara. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, reproche à certains chefs militaires américains d'avoir entretenu des liens avec le mouvement du prédicateur Fethullah Gülen, exilé aux Etats-Unis, accusé par Ankara d'avoir fomenté le coup d'Etat. De hauts responsables et chefs militaires américains ont mal réagi aux accusations formulées par le président turc selon lesquelles le général Joe Votel, chef des forces militaires américaines au Moyen-Orient, aurait pris le parti des putschistes. Dans une mise au point publiée vendredi dernier, ils ont tenu à préciser que les Etats-Unis n'avaient pas été mêlés au putsch raté en Turquie. Le général Joe Votel a affirmé qu'il n'avait rien à voir avec cette tentative de putsch. « Toute information selon laquelle j'ai quoi que ce soit à voir avec la récente tentative de coup d'Etat en Turquie est complètement fausse », a-t-il déclaré, rappelant que la Turquie est un partenaire extraordinaire et vital dans la région depuis des années. Il s'est toutefois félicité de la coopération continue avec la Turquie en matière de lutte contre le groupe terroriste Daech. Soutenant ces propos, la Maison Blanche a, de son côté, souligné qu'il était « entièrement faux » que les Etats-Unis puissent soutenir les auteurs de la tentative du coup d'Etat, étant donné les relations et les intérêts qui lient les deux pays. « Nous travaillons ensemble sur bon nombre de priorités internationales de la Maison Blanche, dont la guerre contre le groupe Daech », a déclaré, de son côté, Eric Schultz, un porte-parole de la Maison Blanche. Le putsch avorté, et tout ce qu'il a impliqué comme prise de décision par le président Erdogan à l'exemple des purges dans les institutions de l'Etat et au sein de la population, ont soulevé des interrogations dans les milieux politiques européens. Tout en rejetant les critiques des Occidentaux qui se disent inquiets de la démocratie dans ce pays, le président Erdogan a fait savoir sa détermination à poursuivre cette purge de masse. Le Premier ministre turc, Binali Yildirim, a affirmé que l'armée avait été « nettoyée » de tous les éléments liés au prédicateur Fethullah Gülen, accusé par Ankara d'être derrière la tentative du coup d'Etat. « Nous avons nettoyé toute l'armée des éléments Feto - acronyme par lequel le pouvoir turc désigne l'organisation de Gülen - qui s'étaient déguisés en soldats », a déclaré Yildirim dans un discours au palais présidentiel.