L'accord prévoyant l'évacuation de civils et de rebelles d'Alep, hier matin, a été suspendu après de nouveaux combats et des objections du régime syrien. L'accord de cessez-le-feu à Alep, conclu mardi 13 décembre, a d'ores et déjà été suspendu hier matin. Il avait été conclu lors de négociations entre les insurgés et la Russie, alliée militaire-clé du régime de Damas, et avec l'aide de la Turquie. Il prévoyait l'évacuation hier de combattants rebelles et de civils après quatre mois de siège et de bombardements de la ville, désormais réduite à l'état de ruines. Mais le processus qui devait commencer à 5 heures (4 heures à Paris) n'a pu commencer en raison de nouveaux bombardements. Des images de la chaîne de télévision libanaise Al-Manar ont montré que la vingtaine de bus stationnant moteur en marche sur l'une des principales routes menant à l'extérieur d'Alep avaient regagné leur dépôt. Bombardements et nouvelles exigences Des représentants de l'insurrection syrienne accusent les forces gouvernementales et leurs alliés d'avoir bombarder à nouveau les derniers quartiers encore tenus par les rebelles dans Alep. L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a confirmé ces bombardements. «Il y a eu ce matin au moins 14 obus tirés par les troupes du régime sur le carré tenu par les rebelles, et ce, pour la première fois depuis mardi soir.» Un témoin contacté par l'agence de presse Reuters a déclaré que les bombardements avaient pris fin au bout d'une demi-heure environ. La Turquie accuse le régime syrien et les groupes armés qui lui sont affiliés d'empêcher la mise en œuvre du cessez-le-feu censé permettre l'évacuation des civils et des rebelles de l'est d'Alep. «Nous voyons maintenant que le régime [syrien] et d'autres groupes (qui le soutiennent) tentent d'empêcher» la mise en œuvre du cessez-le-feu, a déclaré à la presse le ministre des Affaires étrangères turc, Mevlut Cavusoglu, pour qui «l'évacuation n'a pas pu avoir lieu». D'après les rebelles, le régime et ses alliés, notamment iraniens, ont «imposé de nouvelles conditions» à l'accord, tandis qu'une source proche du pouvoir soulignait que Damas avait exprimé son désaccord concernant le nombre, qu'il juge élevé, de personnes devant être évacuées. Attaque «terroriste», selon Moscou L'armée syrienne a repris les combats à Alep pour repousser les attaques des rebelles, a de son côté justifié l'armée russe, dans un communiqué : «Profitant de la trêve, des rebelles se sont regroupés à l'aube et ont essayé de franchir les positions des troupes syriennes dans le nord-ouest d'Alep. L'attaque des terroristes a été repoussée. L'armée syrienne a prolongé ses opérations de libération.» Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a estimé hier matin que les forces gouvernementales syriennes viendraient à bout des dernières poches de résistance des insurgés d'Alep d'ici deux à trois jours. Les Occidentaux demandent des observateurs A Paris, le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault ,a demandé la présence d'observateurs pour superviser l'évacuation d'Alep. «La France demande des observateurs des Nations unies pour avoir une garantie que l'évacuation des civils est une priorité, mais aussi pour que les combattants ne soient pas massacrés. Il faut aussi que les organisations humanitaires, comme la Croix-Rouge, l'Unicef, puissent intervenir.» Mardi soir, l'ambassadrice américaine à l'ONU, Samantha Power, avait déjà réclamé des «observateurs internationaux impartiaux» pour superviser l'évacuation des civils, qui «ont peur d'être abattus dans la rue ou emmenés vers un des goulags d'Assad».