Un mouvement de grève illégale a touché hier partiellement l'activité commerciale dans trois wilayas du centre du pays où des commerçants ont baissé rideau pour protester, selon eux, contre la hausse des prix de certains produits en réponse à des appels « anonymes » lancés sur les réseaux sociaux. A Bejaia, l'arrêt de travail des commerçants était partiellement suivi, a-t-on constaté. Les évènements se sont rapidement précipités en milieu de matinée avec l'arrivée de jeunes, à hauteur du Boulevard Krim-Belkacem, à l'ouest de la ville, qui ont barré la route sur plusieurs endroits de l'artère, provoquant une panique généralisée, ce qui a obligé des commerçants et des administrations à la fermeture. Des heurts entre manifestants et forces de l'ordre et des saccages de mobiliers urbains et l'incendie d'un bus de transport public ont émaillé ce mouvement « sauvage » des commerçants. En fin de matinée, la grève était partiellement suivie. 50% des effectifs adhérents à l'UGCA avaient boudé le mot d'ordre de grève et de nombreuses équipes ont été mises sur pied pour sensibiliser la corporation « à ne pas y succomber », a affirmé le coordinateur communal de Bejaïa, Samir Mammasse. Dans les autres localités, notamment Sidi-Aïch et El Kseur, des tentatives de heurts ont eu lieu mais sans gravité. Les manifestants ont surtout fermé la RN26 et obstrué quelques avenues, selon des témoignages concordants. Dans la wilaya de Bouira, l'activité commerciale a été touchée dans le chef-lieu de la ville, M'Chedallah, Chorfa et Haïzer (est), ainsi que dans les commune d'Aomar et Kadiria (Ouest) où des commerçants ont baissé rideau. Par contre, la situation est normale dans les autres villes, à l'image de Bechloul (est), Sour El Ghozlane, El Adjiba, Ahnif et autres communes de l'ouest de la wilaya notamment, où tous les commerces sont restés ouverts, a-t-on observé. Dans la wilaya de Boumerdès, la plupart des commerçants des communes de Bordj Menaïel et des Issers (est) ont baissé rideau et ce, en réponse à des « appels occultes », ont indiqué à l'APS quelques grévistes. Sous le regard « médusé » des citoyens qui ne s'expliquaient pas ce mouvement subit, cette action de protestation s'est déroulée dans le calme. « Entre 50 et 60% » de la totalité des commerces de la commune de Bordj Menaïel et d'« un taux moindre » de ceux des Issers « ont répondu à l'appel à la grève », a indiqué la directrice du commerce de la wilaya Samia Ababsa, soulignant que ce mouvement de protestation est « illégal parce qu'on ignore ses organisateurs et parce qu'aucun préavis de grève n'a été déposé auparavant ». Mme Ababsa a indiqué qu'une délégation représentant les services de la Direction du commerce, l'Association des commerçants et des artisans de la wilaya et l'Union des commerçants et artisans de la wilaya s'est déplacée dans la matinée dans les villes en question « pour amener » les commerçants à rouvrir leurs boutiques. L'UGCAA dénonce « des menaces » à l'encontre des commerçants L'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) a dénoncé hier « des menaces » à l'encontre des commerçants dans certaines wilayas du pays pour les obliger à fermer leurs locaux. « Il ne s'agit pas d'une grève (...). Après avoir exercé normalement leurs activités en début de matinée, les commerçants notamment de Bejaïa, de Tizi Ouzou, et de Bouira ont reçu des menaces de la part de jeunes inconnus d'incendier leurs commerces s'ils restaient ouverts », a expliqué à l'APS le secrétaire général de l'Union Salah Souilah. « Nous n'avons lancé aucun appel à la grève et nous ne pouvons pas le faire car nous refusons d'affamer les citoyens », a insisté Souilah qui espère le retour à la normale aujourd'hui.