La classe politique qui attend la nouvelle loi sur les partis semble divisée sur certains aspects, dont celui de l'alternance dans la présidence de parti que le nouveau texte introduirait dans ses articles. Alors que le FLN reste prudent, le RND et le MSP suggèrent en filigrane leur opposition à cette mesure. El Islah et le FNA la rejettent carrément. Le FLN s'interdit tout commentaire sur ce qu'il qualifie de spéculations. Il estime prématuré d'émettre un avis sur un sujet qui n'est pas encore discuté. Kassa Aïssi, chargé de communication de l'ex-parti unique, évacue d'un revers de main tout débat immédiat. «Nous débattrons de cette question une fois le dossier adossé et proposé à l'APN», souligne-t-il. Dans le même ordre d'idées, il dira que «nous ne commentons pas une information parue dans la presse». La première force politique nationale qui a noté que la consultation populaire devra être la pièce maîtresse de cette loi - taux de représentation - et les partis porteurs de programmes, ne compte pas s'exprimer avant de voir le contenu du texte de loi relatif aux partis politiques. En outre, le chargé de communication de la formation de Belkhadem fait savoir que le processus des réformes engagées par le président de la République se poursuit normalement au niveau de la présidence et qu'«on ne peut se prononcer à l'avance». Du côté du Rassemblement national démocratique (RND), on est plus nuancé. La nouvelle disposition sur l'alternance à la tête des partis politiques ne semble guère enchanter le parti de Ahmed Ouyahia. Lui qui a proposé, notamment, le maintien de la quasi-totalité des dispositions de la loi actuelle, en y ajoutant de nouvelles de nature à lever toute hypothèque sur l'avenir du pluralisme politique, à conforter le droit à la création d'un parti dans le respect de la loi, à moraliser davantage la relation entre la politique et l'argent, et à actualiser certaines dispositions de la loi existante, estime que chaque parti obéit à un statut. «Toute formation politique a son propre statut interne», résume Miloud Chorfi, porte-parole du parti. LES ISLAMISTES S'IRRITENT Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) semble le plus opposé. Son chargé de communication, Mohamed Djemaa considère que l'alternance doit d'abord et avant tout se faire niveau des institutions. «Dans les démocratie, on n'impose pas l'alternance aux partis politiques mais aux gouvernements», réplique M. Djemaa pour qui toutes les fonctions politiques doivent y penser. Parce que, a-t-il argumenté, «l'alternance permet la pérennité de l'Etat et, partant, la stabilité politique des pays». Dans le même contexte, a-t-il souligné, «au sein de notre formation, nous œuvrons depuis toujours à ce que la classe politique nationale pense d'elle-même à appliquer le principe d'alternance». Même réaction du mouvement El Islah qui se dit partisan de la limitation des mandats, l'alternance au sein de la présidence de partis est une affaire interne. «Ceux qui parlent de l'alternance doivent d'abord eux-mêmes appliquer ce concept», souligne Hamlaoui Akkouchi, secrétaire général du mouvement, ajoutant que «l'administration ne doit en aucun cas s'immiscer dans les affaires internes des partis politiques pour ne pas les discréditer, en exerçant sur eux des pressions». Moussa Touati, président du Front national algérien (FNA), pense, pour sa part, que la gestion d'un parti ne doit pas être confiée à l'administration. «Seuls les militants, a-t-il estimé, sont à même de décider du maintien ou non du président d'un parti politique». Pour lui, une formation politique, ce sont d'abord, et avant tout, des idées et un programme. «L'administration ne doit pas s'immiscer ni s'ingérer dans les affaires internes des partis, parce que cela pourrait nuire à la crédibilité de la classe politique nationale», estime-t-il. Nos tentatives de joindre le FFS et le RCD pour avoir leurs avis sur la question ont été vaines.