Photo : Makine F. Le gouvernement pourrait envisager le relèvement du prix du gasoil en tant que «l'un des facteurs de maîtrise de la consommation de carburant en Algérie» et surtout le diesel, dont «les besoins sont supérieurs à la production nationale», a déclaré le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil lors d'une journée d'étude sur la rationalisation de la consommation de carburants dans le secteur des Transports. Cette journée qui a vu la participation du ministre des Transports Amar Tou devra déboucher sur la mise en place de mesures à même de réduire la consommation. On peut déjà citer quelques idées en cours de maturation au niveau d'un comité interministériel qui réunit les secteurs de l'Energie, du Commerce, de l'environnement et des Transports. Il sera question d'une part du développement de la consommation du Gaz naturel comprimé, (GNC), du Gaz de pétrole liquéfié (GPL) et surtout de «la généralisation du carburant sans plomb à partir de 2013», et enfin un nouveau gasoil à basse teneur en soufre. Ce comité a déjà pour mission de mettre en place un cadre réglementaire pour interdire la mise sur le marché de véhicules dont la motorisation n'est pas «à haut rendement technique», c'est-à-dire «ne répondant pas aux normes de consommation de carburant ». Un décret qui sera promulgué prochainement en précisera davantage les spécifications. Pour commencer, le ministère des Transports pourrait remettre sur le tapis son projet de réformer les véhicules vétustes qui ont atteint un certain âge. M. Tou a parlé de « véhicules de plus de 30 ans », une proposition qu'il avait finalisée et pour laquelle le gouvernement lui a « demandé de temporiser », dit-il. Le ministère aurait même travaillé sur des tranches plus basses allant de 20 à 25 ans. La préoccupation du gouvernement qui ne date pas d'hier est relative au niveau de consommation de carburant qui a pris «des courbes exponentielles », selon M. Cherouati de l'Agence de régulation des hydrocarbures. En 2008, l'Algérie a consommé 10 millions de tonnes de carburants et ce chiffre atteindrait les 15 millions en 2015. Les trois quarts (75 %) sont tirés par le gasoil. Toute la production a été absorbée, et il a fallu importer pour faire l'appoint. « 567 000 tonnes ont été importées pour 267 millions de dollars ». Le diesel constitue 20% de l'ensemble du parc auto en 2007, alors qu'il n'était que de 13,10 %, selon des chiffres de l'ENACTA (entreprise de contrôle technique des véhicules). LE SECTEUR DES TRANSPORTS ABSORBE LES 90% DE CARBURANT Le ministre de l'Energie avait déjà, il y a deux ans, essayé d'introduire une taxe symbolique sur le gasoil mais les députés l'ont rejetée. M. Khelil ne cache pas ses appréhensions quant à la faisabilité de l'augmentation du prix qui «à un certain seuil peut avoir des conséquences néfastes sur le revenu des ménages ». Pour M. Tou, le niveau de développement du transport collectif, avec le rail, le métro en Algérie est un obstacle à la rationalisation de la consommation. Le rail, dit-il, « ne représente que 1 % chez nous alors qu'il est de 30 % en Allemagne. » Les normes mondiales sont de 20 %. Les responsables du ministère de l'Energie peuvent déjà tirer des enseignements de l'expérience de développement du GPL. De 100.000 tonnes en 1998, la consommation a bondi à 350.000 en 2008 mais elle a connu « un ralentissement en 2005-2006 », selon des responsables. Ces derniers l'expliquent pas «le prix du diesel » qui reste un concurrent mais oublient un argument de poids, le nombre insuffisant de stations de distribution. L'Algérie compte 2000 stations, soit une pour 1250 km2. Une étude de l'ARH montre «un déficit en stations dans plusieurs communes dont une trentaine ont plus de 20.000 habitants». En agissant sur le secteur des Transports qui absorbe les 90 % de carburant, l'Etat veut gérer un déficit prévisible à partir de 2013 qui ne sera réglé qu'à travers «l'entrée en production de la raffinerie de Tiaret en 2014 et l'accomplissement du programme de réhabilitation des autres raffineries», reconnaît M. Chakib Khelil. Le déficit en carburant devra toucher indifféremment l'essence et le gasoil. La réaction des pouvoirs publics comporte des enjeux importants, économiser 3 millions de tonnes de carburants sur la demande qui va crescendo d'ici l'année 2019.