Depuis le 7 juillet et jusqu'au 20 août prochain, une exposition de l'artiste peintre algérien Choukri Messli se tient au Musée d'art moderne et contemporain (Mama). En effet, une soixantaine de tableaux de l'artiste ornent les murs du Mama. Appartenant au style abstrait et semi-figuratif, les deux existences artistiques de Choukri Messli sont mises en évidence. En fait, l'activité de Messli s'est articulée autour de deux périodes majeures : la colonisation et l'Indépendance. Ses peintures sont donc intimement liées à l'histoire de l'Algérie. Pour la première période —la plus noire—, qui a coïncidé avec la colonisation, Messli proposait des œuvres empreintes d'une extrême violence, notamment Sakiet Sidi Youcef (1959), Les Camps (1958), Le Christ brûlant sous vos bombes (1951) et Sétif (1962). Choukri Messli utilisait des couleurs chaudes, tels le bleu et le rouge, avec leurs nuances. Il n'y avait point de clarté et les couleurs s'entremêlaient. Ceci souligne la violence du contexte, la fragmentation des valeurs et la fracture sociale. La seconde période artistique de Messli commence au lendemain de l'Indépendance. L'artiste part à l'exploration du patrimoine culturel immatériel de l'Algérie, avec des œuvres qui tendent vers le symbolisme. Dans chacune de ses toiles, on retrouve des signes et des symboles berbères et africains, notamment Femme (1982), Femme nuage doré (1987), Elles dansent pour moi (1998), Mes Ancêtres (1983), Signes Magiques (1984), Divin Kaïs et Laïla (1968) ou encore Splendeurs africaines (2004). Par ces œuvres-là, Messli valorise l'héritage culturel foisonnant de l'Algérie. En fait, Choukri Messli est avant tout algérien ; son africanité, bien qu'évidente, passe au second plan. Cette exposition qui a été prolongée jusqu'au 20 août prochain, est une traversée des origines et des apparences. C'est l'œuvre de toute une vie… S. K.