Supériorité n Un bédouin va donc de palmeraie en palmeraie, de ksar en ksar et finit par trouver Djeha adossé à un mur. Cette histoire de Djeha nous vient du Sahara. Un bédouin a entendu vanter les prouesses de Djeha et son intelligence. — il n'y a pas d'homme plus malin que lui ! Il n'y a pas d'homme à qui il n'a pas joué de tour ! Or, l'homme, que l'on dit justement intelligent, se sent piqué dans son amour-propre. — Djeha, le plus rusé des hommes ? Eh bien, moi, je vais aller lui montrer qu'il est le plus bête de tous ! Il va donc de palmeraie en palmeraie, de ksar en ksar et finit par trouver Djeha. Celui-ci, qui attendait de rouler quelqu'un, a repéré l'étranger de loin. Il s'adosse aussitôt contre un vieux mur. Le bédouin approche. — salam ‘alaykoum, dit-il, que le salut soit sur toi ! — et sur toi, étranger ! — dis-moi, toi qui es d'ici, tu dois connaître tout le monde ! Djeha se caresse le menton. — en effet, je connais tout le monde ! — alors, tu dois connaître un certain Djeha… Djeha tend l'oreille. — oui, je le connais… — c'est vrai, tu sais alors où le trouver ? — bien sûr, c'est mon voisin ! Le bédouin se frotte les mains. — alors tu peux aller le chercher ? La curiosité de Djeha est éveillée. — que lui veux-tu donc, à Djeha ? Le bédouin rit. — on m'a dit que c'est un homme très rusé ! — c'est vrai dit Djeha. — mais moi, je veux lui prouver qu'il y a plus malin que lui ! Djeha fronce les sourcils. — Ah oui, et qui va montrer à Djeha qu'il y a plus malin que lui ? — moi ! Djeha le toise des pieds à la tête. — toi ! — oui, tu veux bien aller le chercher ? Djeha prend un air désolé. — je voudrais bien, mais je travaille ? — tu travailles ? Mais tu es adossé à un mur ! — justement, c'est mon travail : je suis le gardien de ce mur ! Je ne peux pas le laisser ! Il fait semblant de réfléchir. — je peux aller le chercher, si tu consens à me garder mon mur ! — d'accord, dit le bédouin. Je ne bougerai pas d'ici, jusqu'à ton retour !