Attitude n Les transporteurs de voyageurs se disent opposés «dans le fond et dans la forme» à la décision prise récemment par le ministère des Transports de rouvrir le créneau à l'investissement privé. De leur avis, cette décision créera plus de problèmes qu'elle n'en résoudra. Mais pour quelle raison ? «Beaucoup de lignes sont saturées, et accorder de nouvelles autorisations d'exploitation signifie tout simplement la mise au chômage d'un certain nombre de transporteurs», explique M. Labdouni. Et de poursuivre : «Sur certains axes, il y a peut-être plus de transporteurs que de voyageurs. Je vous cite l'exemple de la ligne Alger - Hassi Messaoud. Actuellement, il y a un départ toutes les trente minutes. Comme vous pouvez l'imaginer, le taux de remplissage des bus est faible. A-t-on vraiment besoin de la renforcer ? Nous sommes contre le monopole et partant de là, nous sommes pour l'octroi de nouvelles autorisations d'exploitation sur les lignes qui sont mal desservies. Pour les autres, cela ne servira qu'à créer des problèmes.» Sur ce registre, il fait remarquer que le renforcement de lignes «déjà saturées» est de nature à déclencher de «véritables batailles» sur les routes entre les différents exploitants. «La concurrence sera encore plus rude puisque chaque transporteur essayera de rentrer dans ses comptes en utilisant tous les moyens, ce qui engendrera davantage d'embouteillages et plus d'accidents», ajoute-t-il, non sans souligner que cette situation finira par pousser certains opérateurs, «notamment les nouveaux», à jeter l'éponge. De l'avis de notre interlocuteur, le lancement d'études sur les déplacements des Algériens s'impose. «C'est sur la base de ces études que le renforcement des lignes doit être décidé», suggère-t-il. Même si la décision prise par le ministère des Transports concerne les 48 wilayas du pays selon notre interlocuteur, certaines lignes demeurent «fermées» à l'investissement privé. C'est le cas, notamment, de celle reliant Hydra à Ben Aknoun, dans la wilaya d'Alger. Celle-ci n'est desservie que par deux bus actuellement alors que le nombre d'usagers ne cesse d'augmenter. Des autorisations d'exploitation ont été pourtant déposées par des privés, mais elles n'ont pas abouti à ce jour. Pour quelles raisons ? La question reste posée. En attendant une réponse du ministère des Transports, les Algériens continuent de se plaindre de leurs conditions de voyage et les transporteurs du «manque à gagner» engendré par l'augmentation des prix de la pièce de rechange, la fréquence des embouteillages et la mise en application du nouveau code de la route.