Sidi Ali est ému par cette notoriété à laquelle il ne s'attendait pas. Il reçoit donc ses hôtes, leur donne à manger, en prélevant sur les réserves de la zaouïa, et, le soir, fait étendre des nattes tout autour de la zaouïa. Beaucoup de visiteurs ne restent que quelques jours, puis repartent, d'autres, au contraire, subjugués par les leçons du saint, ne veulent plus le quitter. «Oh, Sidi Ali, le supplient-ils, ne nous renvoie pas, garde-nous auprès de toi, ne nous prive pas de tes lumières ! Nous voulons devenir tes disciples, te suivre en toute chose !» «Vous pouvez rester, finit par dire le saint, mais il faudra vous débrouiller, pour gagner votre vie, car je ne peux continuer à vous nourrir.» La proposition est acceptée. Les tolbas, tout en étudiant, vont de village en village faire des quêtes, au nom de Sidi Ali Ou Moussa N'Founas. Il suffit de se présenter dans les maisons et de dire : «Nous venons quêter, au nom de Sidi Ali Ou Moussa», pour que les dons affluent : grains, semoule, huile, figues sèches, légumes, argent... de quoi nourrir pour une longue période les jeunes tolbas. Des villageois riches font aussi des dons en espèces à la zaouïa, des terres et des propriétés qui seront constituées en biens de mainmorte, houbous ou awqafs qui restent propriété de la zaouïa. Ils sont inaliénables et leurs produits servent à l'entretien de l'établissement et à celui de ses étudiants.