Anniversaire n Cinq ans après les violentes émeutes de 2005 dans les banlieues françaises, les quartiers sensibles du pays, socialement fragiles et à forte population immigrée, sont toujours des «poudrières». Le 27 octobre 2005, après une course-poursuite avec la police, deux jeunes de banlieue, Zyed Benna, 17 ans, et Bouna Traoré, 15 ans, meurent électrocutés après s'être réfugiés dans un transformateur électrique à Clichy-sous-Bois. Dans la nuit qui a suivi, des dizaines de jeunes en colère s'en sont pris aux policiers et aux bâtiments publics. «C'était la guérilla.» Leur décès entraîne la furie des jeunes de Clichy-sous-Bois, qui se transformera en émeutes dans la périphérie des villes françaises. Le mouvement de violences a embrasé d'autres villes de la banlieue parisienne et du pays, donnant lieu à trois semaines d'émeutes, de nombreuses dégradations, des milliers de voitures brûlées, des centaines de blessés, des milliers d'interpellations, des mesures de couvre-feu et la promulgation de l'état d'urgence. «Les violences de 2005, c'était un cri d'alarme», analyse aujourd'hui le Premier ministre de l'époque Dominique de Villepin. «Il y a toujours le même manque de reconnaissance et l'absence d'avenir», déplore-t-il. Dans les zones urbaines sensibles, le taux de chômage est «deux fois plus élevé que dans le pays et grimpe jusqu'à 30% dans des dizaines de quartiers. La pauvreté et le chômage restent à des «niveaux élevés» dans ces quartiers, malgré la politique de rénovation urbaine lancée en 2003 et le plan de 2008 pour désenclaver les banlieues, fournir du travail aux jeunes, lutter contre l'échec scolaire et la délinquance. Moins ambitieux que ce qu'avait promis le Président pendant sa campagne électorale, ce plan Espoirs Banlieue est critiqué pour son manque de moyens et de priorités. Avec près de cinq millions d'habitants, dont une forte proportion d'immigrés et de personnes d'origine étrangère qui ne votent pas, les quartiers sensibles, en périphérie des grandes villes, souffrent d'une «déficience structurelle de l'Etat». «Là où je vis, il n'y a toujours pas d'ascenseurs et les trous dans le sol sont toujours là», décrit un jeune. «Ici, l'Etat est en crise d'identité et de légitimité», a indiqué Mohamed Abdi, conseiller de la secrétaire d'Etat à la politique de la Ville, Fadela Amara. Il y a un risque de «refus de la République», confirme, pour sa part, le maire de Clichy-sous-Bois, qui redoute désormais un «repli identitaire ostentatoire» des jeunes musulmans, qui composent la majorité des populations de banlieue.