Les chroniques du XVIe et XVIIe siècles fourmillent de récits de loups-garous. En voici quelques uns célèbres. 1502, à Poligny, dans le Jura. Pierre Bourgot est un berger qui, depuis la mort de ses parents, vit seul dans sa masure. Il a pratiquement coupé tout contact avec les habitants du village. Chaque matin, il sort son troupeau de moutons et se rend dans la montagne. Il ne rentre que le soir, à la tombée de la nuit. Ce jour-là, alors qu'il rentrait, il est surpris par un orage. Les bêtes, effrayées, se dispersent, bêlant désespérément. les animaux ne l'écoutent pas, et plusieurs d'entre eux se jettent à l'avant. Le berger réunit ce qu'il lui reste de bêtes, les emmène à l'abri dans la bergerie, puis, prenant son bâton, part à la recherche des animaux égarés. L'orage est toujours aussi violent, mais le berger n'en a cure : les moutons représentent sa seule richesse et il veut, coûte que coûte, les récupérer. A ce moment-là, un bruit de galop se fait entendre. Pierre a juste le temps de se retourner : trois cavaliers sont debout, en face de lui. Ils lui paraissent gigantesques dans la lueur de l'aube. Ils sont entièrement habillés de noir et leur longue chevelure, noire également, flotte dans le dos. Leurs chevaux, de magnifiques coursiers d'ébène, se cabrent, en hennissant. Il semble à Pierre qu'il jette du feu par les naseaux. Le cavalier qui a parlé, avance son cheval vers lui. Pierre reçoit son souffle au visage : un souffle brûlant. L'homme lui demande pourquoi il pleure. Il lui raconte son histoire. Les bêtes reviennent aussitôt. Pierre se retourne pour remercier l'homme, mais il a déjà disparu, lui et ses compagnons.